Entendu à plusieurs reprises dans le cadre d'une enquête préliminaire sur l'acquisition d'assiettes foncières par des sociétés appartenant à ses enfants, l'ancien patron de la police, Abdelghani Hamel, a comparu jeudi dernier devant le parquet de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, avec son épouse, ses trois fils et sa fille, et 17 autres personnes. Il s'agit de quatre ex-walis, ceux d'Alger, Abdelkader Zoukh, de Tipasa et deux d'Oran, Abdelmalek Boudiaf et Abdelghani Zaalane – tous ont été informés des griefs retenus contre eux avant que leurs dossiers ne soient transférés à la Cour suprême – de l'ex-directeur général des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, de l'ex-directeur général de l'OPGI de Hussein Dey, Mohamed Rehaimia, d'un promoteur immobilier, du directeur actuel des Domaines pour la région ouest, Ali Bouamrirane, ainsi que des cadres de l'administration foncière. Après 24 heures d'audition, le juge a inculpé plus d'une dizaine de personnes, dont Abdelghani Hamel, ses trois fils, Ameyar, Mourad et Chakib, ainsi que sa fille et son épouse. Seule cette dernière a été placée sous contrôle judiciaire. Les cinq membres de la famille Hamel (le père, les trois fils et la fille) ont été placés en détention provisoire par le juge d'instruction de la 5e chambre, qui a également incarcéré le directeur des Domaines pour la région ouest d'Alger, Ali Bouamrirane, et placé sous contrôle judiciaire l'ex-directeur général des Douanes, Abdou Bouderbala, l'ex-directeur général de l'OPGI de Hussein Dey, Rehaimia, un promoteur immobilier privé ainsi que des cadres de l'administration foncière. Jusqu'à hier en milieu de matinée, les auditions se poursuivaient au tribunal de Sidi M'hamed, qui a connu une effervescence particulière. Cette affaire, apprend-on de source judiciaire, concerne en réalité l'ensemble des assiettes foncières que les sociétés créées par les enfants et l'épouse de l'ex-patron de la police (dont les comptes ont été gelés sur décision de la justice il y a des mois), Abdelghani Hamel, ont obtenu de manière «suspicieuse» à Oran, Alger et Tipasa, dans le cadre de leurs activités commerciales. Les griefs retenus contre Hamel sont, entre autres, «enrichissement illicite» et «trafic d'influence», alors que pour les autres anciens fonctionnaires de l'Etat, ils sont poursuivis pour «octroi d'indus privilèges dans l'intérêt d'autrui et au détriment de ceux de l'Etat» et «abus de fonction». Visiblement, les déclarations de Abdelghani Hamel, en réaction à l'implication de son chauffeur personnel dans l'affaire Kamel Chikhi, principal accusé dans le dossier des 701 kg de cocaïne, ont précipité sa chute vertigineuse qui risque d'entraîner, elle aussi, de nombreuses autres personnalités, dont Abdelkader Zoukh, l'ex-wali de Tipasa, les deux anciens walis d'Oran, Abdelghani Zaalane, Abdelmalek Boudiaf et l'ex-directeur général des Douanes, Abdou Bouderbala. Il est vrai que ce n'est que le début de l'instruction et que chacun des prévenus bénéficie du droit à la présomption d'innocence, mais il est certain que des révélations assez importantes pourraient éclabousser d'autres personnalités non encore connues jusque-là.