Coïncidant avec le jour anniversaire de l'indépendance, et l'annonce, la veille, de la nouvelle offre politique du pouvoir pour la sortie de crise, le vingtième rendez-vous hebdomadaire de la protestation populaire pour le départ du système a pris une dimension particulière tant par le nombre des manifestants que par le caractère déterminé affiché par la rue qui a connu une véritable déferlante humaine. Une rue festive et colorée par l'emblème national et le drapeau amazigh brandis à l'unisson par les manifestants dont les mots d'ordre et les slogans proférés sont une réplique cinglante à la démarche du pouvoir, à sa façon de réagir aux événements et aux exigences populaires. L'affaire des détenus d'opinion et, notamment, des manifestants incarcérés pour port du drapeau amazigh est toujours au centre des préoccupations. Tout en exigeant leur libération, les manifestants se sont fait un point d'honneur à exhiber le drapeau amazigh en signe de défiance au pouvoir et de refus de l' instrumentalisation de la justice pour réprimer l'expression d'un symbole de l'identité de l'Algérie. «Je suis arrivé hier (jeudi, ndlr) et la première chose que j'ai faite en arrivant chez moi, est d'acheter un emblème aux couleurs bleu, vert et or, symbole de l'identité millénaire de toute l'Afrique du Nord», nous confie Djamel établi en France depuis des années et qu'on a retrouvé au milieu d'un groupe de manifestants qui réclament la libération de tous les détenus d'opinion ! «Mazalagh d'imazighen (on est toujours des Amazighs)», crie-t-on à l'unisson. «Libérez Bouregaâ, libérez l'Algérie», crie un groupe de marcheurs exhibant une banderole sur laquelle sont imprimés le nom et la photo du combattant et responsable de la wilaya IV historique. D'autres évoquent la grandeur du révolutionnaire que «vos geôles ne pourront pas contenir». «La hiwar, la chiwar, arrahil obligatoire !», (Pas de dialogue avec les imposteurs et le reste de la 3issaba), scandent les marcheurs qui refusent toutes les offres politiques du pouvoir et pour qui «le départ du système est une sentence exécutoire et sans appel». La référence à la symbolique du 5 Juillet, fête de l'indépendance, a été prépondérante. «Le 5 Juillet 1962, nous avons libéré l'Algérie, le 5 juillet 2019, nous libérerons les Algériens», écrit un citoyen sur une pancarte comme pour signifier que ce 5 juillet 2019 est un tournant pour le processus révolutionnaire entamé par le peuple depuis le 22 février 2019. S. A. M.