Loin du folklore habituel, les fanfares et autres défilés, la fête de l'indépendance revêt cette année un caractère spécial coïncidant avec le 20e vendredi de la protestation que les Algériens en général et les Constantinois en particulier, ont voulu en faire «une fête particulière». Depuis maintenant plus de quatre mois, les Algériens se sont obstinés à changer leur avenir et à prendre en main leur destin en poursuivant la protestation jusqu'au changement radical et le départ du système. Pour cela, la marche d'hier a été différente et décisive même, car intervenant le jour de l'anniversaire de l'Indépendance et au lendemain du départ du «2e B» , le président de l'APN Moad Bouchareb en l'occurrence. «Il ne reste que Bedoui», insistaient les marcheurs. Rendez-vous pris comme à l'accoutumée, devant le palais de la culture Mohamed-Laid-Al Khalifa, où les premiers groupes ont commencé à se former dès 13h30 malgré une grande canicule. «Dawla madania machi aâskariya» était le principal slogan soulevé hier avant de réclamer la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ, placé en détention provisoire. En empruntant les grandes artères de la ville, les manifestants ont scandé : «Libérez Bouregaâ.» Les marcheurs ont chanté l'hymne national avant de prendre le chemin du boulevard Abane-Ramdane. Ils ont brandi plusieurs banderoles et pancartes portant des slogans hostiles aux symboles du pouvoir en place et au chef d'état-major de l'armée. Sur les pancartes, on pouvait lire : «La volonté du général est contre la volonté générale», «Unité nationale, pas de régionalisme» ou encore «Le peuple veut une justice indépendante» ou encore «Maranache habssine, koul djemaâ khardjine» (On ne s'arrêtera pas, chaque vendredi on sortira). Les pancartes, les chants, les slogans étaient unanimes à rejeter le «gouvernement de bricolage». Ils réclamaient aussi, «Djazaïr horra démocratia». Ils ont également exigé la libération des manifestants du Hirak, placés sous mandat de dépôt pour avoir brandi le drapeau berbère «Libérez el-hirakiyine», avant de poursuivre leur marche vers le boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean) et réaffirmer la détermination d'en finir avec le système politique «Yatnahaou Gaâ». Les Constantinois qui ont de nouveau fait entendre leur voix en ce vendredi malgré une participation non aussi importante que d'habitude en raison de la canicule, ont néanmoins réaffirmé que leur mobilisation était intacte. Ilhem Tir