"L'emprisonnement de cet ancien moudjahid est une honte, c'est inacceptable, nous ne devons pas nous taire", lancent les jeunes manifestants. Dans une ville où il est quasiment "interdit" de se hasarder dehors à la mi-journée en raison de la canicule qui sévit depuis plusieurs jours, la communauté universitaire de Constantine était tout de même au rendez-vous pour le 19e mardi de mobilisation. Actualité oblige, étudiants et enseignants ont appelé à la libération du moudjahid Lakhdar Bouregâa, placé en détention provisoire et accusé "fallacieusement", selon eux, de porter atteinte au moral de l'armée. En empruntant les grandes artères de la ville, ils ont scandé, pendant une dizaine de minutes : "Libérez Bouregâa." "L'emprisonnement de cet ancien moudjahid connu de tous est une honte, c'est inacceptable, nous ne devons pas nous taire", lancent les jeunes manifestants. Les marcheurs ont brandi plusieurs banderoles et pancartes portant des slogans hostiles aux symboles du pouvoir en place et au chef d'état-major de l'armée. Sur les pancartes, on pouvait lire : "La volonté du général est contre la volonté générale", "Gaïd Salah dégage", "Kabyles et Arabes sont frères, Gaïd Salah est avec les traîtres", "Unité nationale, pas de régionalisme" ou encore "Le peuple veut une justice indépendante". Ils ont également exigé la libération des manifestants du hirak, placés sous mandat de dépôt pour avoir brandi le drapeau berbère. Devant le tribunal, les étudiants ont scandé : "Libérez el-hirakiyine", "El-qodhat, chiyatine" et "Gaïd Salah lel Harrach", avant de poursuivre leur marche vers le boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean). La marche qui s'est ébranlée de la grande esplanade de l'université des Frères-Mentouri 1, sur un itinéraire de 3 km environ, avant de rejoindre le centre-ville vers 12h, a rallié d'autres étudiants qui attendaient, sous un soleil de plomb, place de la Pyramide. Les marcheurs ont chanté l'hymne national avant de prendre le chemin du boulevard Abane-Ramdane, en scandant "Dawla madania machi âasskariya". Ils n'ont, toutefois, pas manqué de réitérer leur rejet catégorique des "2B", Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, et des partis politiques du pouvoir. Les manifestants se sont dispersés par la suite et ont promis de sortir nombreux pour la manifestation de vendredi prochain. "Nous sommes plus que jamais déterminés à ne pas lâcher prise jusqu'au départ de toutes ces personnes, Gaïd Salah en premier. Nous sommes sortis pour leur dire : ni vos intimidations ni vos arrestations ne nous feront reculer. Nous serons très nombreux à manifester le vendredi, qu'ils nous arrêtent tous", dira Lamis, une étudiante en droit à l'université les Frères-Mentouri.