La série d'emprisonnements des anciens symboles du régime Bouteflika se poursuit. Hier, Djamel Ould Abbès a rejoint deux anciens Premiers ministres et un ministre à El-Harrach. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Djamel Ould Abbès est poursuivi sur la base de graves affaires de corruption qui se sont produites durant la période où il exerçait en tant que ministre de la Solidarité nationale et qui se résument comme suit : dilapidation de deniers publics, conclusion de contrats contraires à la réglementation, abus de fonction et mauvaise utilisation de son poste et falsification de procès-verbaux publics. La décision a, naturellement, été prise par le procureur de la Cour suprême, seule instance habilitée à juger d'anciens hauts responsables. Dans le cas présent, une procédure judiciaire destinée à ôter au prévenu son immunité parlementaire a dû être menée, puisqu'il était également sénateur du tiers présidentiel, et n'a pris fin qu'il y a une dizaine de jours après que Ould Abbès ait pris la décision de renoncer de lui-même à la couverture dont il jouissait. Le ministre de la Justice avait, toutefois, adressé au Sénat une demande officielle et ce dernier avait, à son tour, enclenché l'inévitable opération. Des sources bien informées affirment que le dossier basé sur l'enquête préliminaire de la Gendarmerie nationale a permis l'inculpation de l'ancien ministre pour des faits «ahurissants». Outre la corruption et l'enrichissement illicite, des personnes, parmi lesquelles d'anciens secrétaires généraux du ministère de la Solidarité nationale interrogés durant l'enquête, ont confirmé l'existence d'un «vaste réseau de commerce mis en place par Ould Abbès et ses fils dans le cadre de la campagne présidentielle pour le cinquième mandat et avant cela pour les élections législatives (…) les candidatures se vendaient et s'achetaient à des prix forts (…) les sommes amassées ou en préparation pour la présidentielle étaient astronomiques». Ce volet de l'enquête a, comme on le sait, prouvé y compris l'inculpation du fils de Djamel Ould Abbès, El Wafi. Arrêté une première fois, puis relâché grâce à son père, il se trouvait, depuis, dans le collimateur de la justice. La précipitation des évènements, depuis le 22 février, a toutefois créé un véritable vent de panique au sein de la famille tout entière. El Wafi a pris la fuite et se trouve dans un pays étranger, mais il fait aujourd'hui l'objet d'un mandat d'arrêt international. Son frère aîné Skander a été placé sous mandat de dépôt le 13 juin dernier par le tribunal de Chéraga pour des faits à caractère criminel durant la préparation des législatives de 2017. Il a été incarcéré à la prison de Koléa avec deux autres personnes. Il faut également savoir que le petit-fils de l'ancien ministre de la Solidarité et secrétaire général du FLN a été, lui aussi, placé en détention provisoire au cours du mois précédent. La décision a été prise par le juge d'instruction du tribunal de Aïn Témouchent. Ce dernier est poursuivi pour «constitution d'une association de malfaiteurs, attroupement non armé, outrage à corps constitué, agression contre les forces de l'ordre et atteinte à la vie privée des personnes sur les réseaux sociaux». Le mis en cause était également accusé d'être à l'origine de troubles survenus dans la wilaya et de les poster ensuite sur les réseaux sociaux pour détourner l'attention de l'opinion sur les affaires les concernant. Hier, l'ancien ministre de la Solidarité nationale a rejoint les hauts responsables de l'Etat incarcérés à El-Harrach. Certains s'y trouvent même en famille. Abdelghani Hamel, trois de ses fils ainsi que sa fille ont été placés sous mandat de dépôt durant ce week-end, le fils de l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal a rejoint son père, quelques jours plus tôt. Deux des fils de l'ancien directeur général de Club-des-Pins, Abdelhamid Melzi, ont été, eux aussi, placés en détention provisoire et son épouse mise sous contrôle judiciaire. A. C.