Le pouvoir change, selon les circonstances, ses plans de sortie de crise. La classe politique et la société civile proposent des solutions. Mais force est de constater que ni les partis ni le pouvoir n'ont une emprise sur la rue qui gronde depuis 20 semaines avec les mêmes revendications. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les membres de la Conférence nationale de la société civile, ayant participé à la rencontre du 15 juin dernier, ont participé au Forum du dialogue national organisé, avant-hier, par les Forces du changement en tant qu'observateurs. Ils ne sont, de ce fait, pas engagés par les résolutions de la rencontre, selon des membres des dynamiques de la société civile pour le changement pacifique. Une délégation d'une vingtaine de représentants a été dépêchée à Aïn Benian (Alger), où se sont déroulés les travaux du forum, avec un seul message : la nécessité de la tenue d'une conférence nationale qui rassemble toutes les forces, partis politiques, personnalités publiques et société civile, à l'exception des partisans de Bouteflika rejetés par la rue. «La feuille de route adoptée lors de la Conférence du dialogue national traduit une vision d'un nombre de partis politiques et dynamiques de la société civile présents qui veulent aller le plus tôt possible à l'élection présidentielle avec des préalables», indique Abdelouahab Fersaoui, président de l'association RAJ. Il explique que cette approche ne fait pas consensus chez la classe politique et la société civile, du moment que la rencontre n'a pas pu rassembler tous les partis politiques, personnalités nationales et organisations de la société civile. Le président de RAJ, contacté par le Soir d'Algérie, rappelle l'existence d'une partie de la classe politique qui ne fait pas del'élection présidentielle une priorité et qui demande un processus constituant. «C'est pour cela qu'il y a une nécessité d'aller vers la rencontre nationale ouverte et inclusive qui rassemble toute la classe politique, les organisateurs de la société civile et les personnalités nationales afin de sortir avec une feuille de route consensuelle qui traduit davantage les aspirations légitimes du peuple. C'est le message que nous avons transmis en tant que conférence nationale de la société civile du 15 juin», a affirmé notre interlocuteur, précisant que les partisans du 5e mandat ne participeront pas à cette Conférence nationale, en raison de leur rejet par les millions d'Algériens qui manifestant chaque vendredi contre eux. Saïd Salhi, vice-président de la Laddh, membre des dynamiques de la société civile, estime que « la conférence du front du changement reste juste une des étapes du processus de cristallisation des propositions de sortie de crise». «Notre conférence de la société civile du 15 juin a accéléré le processus. Depuis, nous avons assisté à des regroupements des acteurs de la classe politique, après celui du 26 juin regroupant le Pôle de l'alternative démocratique clôturé par la proposition du pacte démocratique, il y a la conférence d'avant-hier qui a aussi fait une proposition de sortie de crise », a-t-il expliqué. En tant qu'acteur de la société civile qui a appelé à une conférence nationale unitaire pour une feuille de route consensuelle, Salhi se félicite de toute rencontre qui va dans ce sens. «Celle d'avant-hier n'a pas réussi à regrouper l'ensemble des acteurs, nous avons envoyé une petite délégation avec une lettre qui a été lue à l'ouverture des travaux pour rappeler notre objectif : celui de réunir tous les partis de l'opposition et de la société civile autour d'un large front de changement démocratique et d'une feuille de route consensuelle», a-t-il précisé. Les organisations de la société civile ont mené un travail de rapprochement entre les forces du changement et l'alternative démocratique qui regroupe des partis de la mouvance démocratique sans succès. Mais les efforts se poursuivent dans le but de faire une jonction entre les partis de l'alternative démocratique, les Forces du changement et la société civile. «Nous sommes restés sur notre proposition du 15 juin, tout en insistant sur notre rôle de médiation pour aller effectivement à une conférence qui va réunir les deux pôles des partis et de la société civile, nous travaillerons davantage pour cet objectif», affirme Saïd Salhi. Il précise qu'au-delà de la réunion des trois pôles, il y a trois initiatives à rapprocher en vue d'en sortir avec une seule, rassembleuse et représentative. «Il est important d'étudier et d'analyser ces propositions, voir les points de divergence, mais aussi de convergence pour dégager une proposition consensuelle. Nous allons travailler autour de ces propositions à côté de celle du pouvoir pour dégager les axes de la solution politique avant d'amorcer le dialogue», souligne notre interlocuteur, insistant sur la sauvegarde de l'union du mouvement populaire et d'être en phase avec ses revendications. K. A.