Le coordinateur de l'instance de gestion du Forum du dialogue national a indiqué, hier dimanche, qu'il poursuivra les discussions avec les formations des Forces de l'Alternative démocratique afin de trouver des points de convergence entre l'ensemble des partis de l'opposition. Abdelaziz Rahabi s'est montré optimiste car, selon lui, le pôle démocratique « ne réclame pas avec fermeté » une Assemblée constituante. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Abdelaziz Rahabi a choisi la matinale de la Chaîne 3 pour dresser le bilan du Forum du dialogue national qui s'est tenu, la veille, à Aïn-Benian, localité balnéaire de l'ouest d'Alger. L'ancien ministre de la Communication a notamment abordé le boycott de cette conférence par les partis d'opposition (FFS, PT, RCD, PST, UCP et PLD) rassemblés au sein des Forces de l'Alternative démocratique. «Il reste maintenant à élargir notre initiative aux autres forces politiques, c'est ce que nous envisageons de faire lors de la prochaine étape. J'ai proposé moi-même aux Forces de l'Alternative démocratique de chercher à jeter les ponts entre nos deux alternatives, de chercher des convergences. Elles peuvent exister, d'autant plus que ce groupe ne réclame pas avec autant de fermeté et autant d'insistance une (Assemblée) Constituante. C'est, en soi, une évolution très intéressante». Il a donc laissé entendre que la tenue d'une élection présidentielle pourrait être le point de convergence des formations de l'opposition et du mouvement associatif engagé dans le processus de dialogue politique. Les modalités de réalisation resteraient à négocier. Selon lui, la plateforme de dialogue présentée samedi «n'est pas un document figé». Abdelaziz Rahabi a avoué que des discussions avec certains partis politiques «se font dans la discrétion pour garantir tout un processus. Il y a le temps politique et le temps médiatique». L'ancien diplomate reste réservé quant à tout dire en politique. Au sujet de l'exclusion des formations qui ont soutenu Abdelaziz Bouteflika, il a précisé que la priorité de l'initiative pour le dialogue est de fédérer l'opposition. «Jusqu'à présent, nous n'avons pas envisagé de dialoguer avec les forces politiques gouvernementales.» Interrogé sur l'absence de certaines personnalités politiques, notamment d'Ahmed Benbitour, Rahabi dit refuser «de personnaliser». «Durant la conférence, je n'ai fait référence qu'à Ahmed Taleb el Ibrahimi, qui m'a appelé trois jours avant la conférence. Il s'est excusé pour des raisons de santé. Il a dit qu'il était favorable à notre initiative et qu'il nous souhaitait le succès. Je refuse de personnaliser, je préfère parler d'initiative. Lors du forum de samedi nous avons reçu une trentaine d'initiatives.» Le coordinateur de l'instance de gestion du Forum du dialogue national s'est montré autant optimiste que réaliste à propos de la rencontre du 6 juillet. «C'est le début du dialogue, nous n'avons pas la prétention de dire que c'est le cadre définitif du dialogue. C'est l'initiative d'une dizaine de partis politiques et d'environ 50 associations qui se sont réunis autour d'une alternative, une sorte de proposition de participation à l'effort national de sortie de crise.» Enchaînant sur une question à propos du calendrier électoral, il a estimé que « la date de l'élection n'est pas la clé de la solution, c'est l'accord politique global entre les forces politiques et un environnement de nature à donner aux Algériens un sentiment d'aller vers une direction propre. Nous ne fixons pas de date à l'élection présidentielle, aucune force politique n'est en mesure de fixer une date. C'est l'environnement global qui détermine la date. Vous ne pouvez pas déterminer une date pour vous retrouver ensuite dans la position du 4 juillet dernier.» Selon lui, l'élection du nouveau Président algérien ne pourra pas intervenir avant au moins 6 mois, voire plus. «Je ne pense pas que ce soit un processus qui puisse durer moins de 6 mois, et qui peut durer plus car il doit intervenir après un accord politique, la maturation de la situation et le rétablissement de la confiance. Nous ne sommes pas dans une situation normale de convocation du corps électoral.» Rahabi estime que tout est lié à un «compromis solide autour des garanties que le pouvoir doit donner pour organiser des élections». L'invité de la Chaîne 3 s'interroge à ce sujet : «Le pouvoir est-il disposé, au-delà des discours, à entrer dans une phase de transformation démocratique ? Le pouvoir est-il prêt et disposé à céder de ses prérogatives ? Est-il disposé à accompagner cet effort de sortie de crise ? Il y a un discours qui a évolué de la part du chef de l'Etat, mais il n'a évolué que sur le plan technique, avec la proposition d'une instance de contrôle des élections. Cela n'est pas suffisant parce que peu de choses ont changé. Regardez les entraves à l'exercice de la politique en Algérie, la liberté de réunion, les interpellations et les intimidations dans les marches et la fermeture de l'audiovisuel public.» Pour lui, les forces politiques et la société civile «ont le droit d'être exigeantes». T. H.