La mobilisation pour la libération des détenus d'opinion se poursuit. Hier, alors que le moudjahid Lakhdar Bouregaâ comparaissait devant le juge de la cour d'Alger, un rassemblement de soutien au moudjahid et à tous les détenus d'opinion, notamment ceux incarcérés pour port du drapeau amazigh, a été organisé devant la cour sise à Ruisseau. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - En plus des amis et familles des détenus, de simples militants et des dirigeants de plusieurs partis de l'opposition et des acteurs du mouvement associatif ont fait le déplacement pour apporter leur soutien à ceux qui croupissent en prison à cause de leur position politique. Des responsables politiques à l'image d'Ali Laskri, coordinateur de l'instance présidentielle du FFS, Mohcine Belabbas, président du RCD, Mahmoud Rachedi, porte-parole du PST, Ramtane Taâzibt et Nadia Chouitem, cadres du PT, étaient présents. Encerclés par un dispositif sécuritaire, les manifestants ont lancé des slogans en faveur de l'indépendance de la justice, de l'instauration d'un Etat civil et non militaire, d'une république démocratique et d'un Etat de droit. Ils ont appelé à la libération de tous les détenus d'opinion, en citant le moudjahid Lakhdar Bouregaâ dont l'arrestation a déconcerté les acteurs politiques au point où sa remise en liberté a été exigée dans toutes les wilayas lors des marches de vendredi passé. «L'incarcération de Lakhdar Bouregaâ et des autres détenus d'opinion est une injustice qui exprime l'affolement des tenants du pouvoir. Ils doivent décider de les libérer et de remettre le pays au peuple souverain», estime le militant de la cause amazighe, Khaled Tazaghart, rencontré sur place. Ramtane Taâzibt soutient que les choses sont aujourd'hui très claires. «Avec l'incarcération de Louisa Hanoune, Lakhdar Bouregaâ et les autres détenus, le pouvoir montre qu'il ne veut pas céder et se démettre après avoir ravagé le pays. Le fait de les maintenir en prison signifie qu'il ne veut ni de dialogue ni de solution à la crise qui réponde à la volonté de la majorité du peuple», a-t-il affirmé. De son côté, Ali Laskri a soutenu que « ceux qui ont décidé de mettre Bouregaâ en prison doivent rendre des comptes». «C'est un vrai révolutionnaire connu pour ses positions en faveur d'un Etat civil et contre l'Etat militaire », a-t-il affirmé en saluant la décision des avocats qui ont décidé de se retirer de son procès, expliquant que « Bouregaâ était emprisonné suite à un appel téléphonique et doit être libéré de la même manière». Pour sa part, Mohcine Belabbas a affirmé qu'il était temps de sauver le pays de toutes les bandes. Soutenant que les Algériens ont replacé le pays sur les rails, il a rappelé que la principale revendication populaire est l'instauration d'une république démocratique. Présent au rassemblement, le président de l'association RAJ, Abdelouhab Fersaoui, a estimé qu'«il est inadmissible que des Algériens soient arrêtés et emprisonnés pour leurs opinions. Rien ne pourra se faire sans la libération de tous les détenus d'opinion. Par ces agissements machiavéliques, le pouvoir vise à créer la diversion, casser le mouvement et le faire détourner de son objectif principal qui est le changement du système». Pour lui, le maintien de la mobilisation populaire est le seul garant pour l'emporter sur ces pratiques d'une autre époque. Nabila Smaïl, membre du collectif des avocats qui s'est constitué pour plaider en faveur de Lakhdar Bouregaâ, avant de se retirer, a dénoncé une justice qui prend des décisions suite à des appels téléphoniques. «Les détenus que nous avons vus à la maison d'arrêt nous ont demandé de maintenir la mobilisation, nous assurant qu'ils sont des détenus d'opinion et non des détenus de la corruption», a-t-elle rapporté, regrettant que la prison d'El-Harrach abrite les membres de la bande et ceux qui ont combattu la bande. K. A.