La correction des sujets du bac se poursuit. Situation inédite, selon les syndicats : les sujets de la philosophie passent à une cinquième correction dans certaines wilayas. Sachant que, généralement, les copies ne dépassent pas une troisième correction, laquelle s'impose lorsqu'il y a un écart de trois points entre deux corrections. Les syndicats dénoncent les modifications ayant été introduites sur le barème de notation. L'objectif, selon eux, c'est de gonfler le taux de réussite national. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le barème de notation affiché sur les sujets d'examen du bac ne serait, donc, pas le même sur lequel les correcteurs se sont basés lors des corrections, qui ne sont, d'ailleurs, pas encore terminées. Ce barème a subi des modifications avant le coup d'envoi des corrections. Une situation à laquelle font face les correcteurs pour la deuxième année consécutive, dénonce Zoubir Rouina, porte-parole du CLA. «Cette situation est inacceptable», juge le syndicaliste. M. Rouina raconte que l'Onec a envoyé un nouveau barème de notation une semaine avant le début des corrections sous prétexte que ces changements ont été introduits en faveur des élèves. Comment ça se passe ? M. Rouina explique qu'une fois les épreuves du bac terminées, l'Onec prend un échantillon des sujets pour faire une correction. A partir de là, dit-il, on prend connaissance des questions sur lesquelles les élèves ont bien travaillé, et sur cette base, on décide d'un nouveau barème pour avantager les élèves. Mais c'est surtout pour gonfler le taux de réussite national au bac, dénonce le porte-parole du CLA. Et d'ajouter «l'année dernière, en raison de la grève enregistrée dans la wilaya de Blida, l'Onec a choisi un échantillon de cette wilaya pour décider du nouveau barème». «Nous ne sommes pas contre les élèves, mais nous refusons d'encourager la médiocrité, car le taux de réussite ne reflète pas le niveau réel des élèves», a souligné le syndicaliste. Par ailleurs, se référant aux données recueillies auprès des centres de correction, il a indiqué que les notes en mathématiques dans la filière littéraire sont acceptables. Par contre, poursuit-il, les copies de la philo, en raison d'un grand écart entre les différentes corrections, sont passées par plus de trois corrections. «On ne comprend pas cette situation, ou si cela est dû aux corrections faites par les nouveaux et les anciens enseignants pour qu'il y ait autant d'écart ?», a indiqué M. Rouina. Situation, en effet, inédite, confirme Boualem Amoura, SG du Satef. Dans certaines wilayas, dit-il, les copies ont subi cinq corrections, c'est notamment le cas à Alger. Alors qu'habituellement, souligne-t-il, lorsqu'il y a un écart de trois points, les copies passent en troisième correction. Quant aux notes, dit-il, elles sont «catastrophiques». «Les copies des sujets du français et d'anglais corrigées aux centres d'examens de la wilaya de Béjaïa ont révélé des notes catastrophiques», dit-il. Au sujet du barème, il dit qu'il a subi des modifications pour redistribuer le barème des notes en fonction des questions sur lesquelles les élèves ont bien travaillé. « Lorsqu'on nous annonce un taux de réussite au bac de 50%, en réalité, nous n'avons que 27% des élèves qui méritent leur place à l'université, car le taux de réussite ne reflète pas réellement le niveau des élèves», a expliqué M. Amoura. Il donne comme preuve, du gonflement des notes, le taux du redoublement dans les premières années des trois cycles. Hallucinant, 75% des nouveaux bacheliers redoublent en première année à l'université, voire ils triplent au cours de la première année. En première année secondaire, 30% des élèves redoublent. «Lorsqu'on nous annonce un taux de réussite au BEM de 57%, en réalité nous avons 25% de reçus seulement», explique M. Amoura. Et c'est la même chose au niveau de la première année moyenne. De son côté, Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, prévoit un taux de réussite au bac qui soit proche de celui de l'année dernière. A souligner que le taux de réussite national au baccalauréat en 2018 était de 55,88%, contre 56,07% en 2017. S. A.