Pour un 21e vendredi consécutif et trois jours après le discours musclé de Gaïd Salah, la rue à Tizi Ouzou s'est fortement mobilisée. Déterminée et se disant toujours fidèles aux exigences du mouvement du 22 février, les milliers de marcheurs qui ont rallié le parcours habituel des manifestations du vendredi ont exprimé leur réprobation et leur refus des violentes charges du chef des armées qui, jugent-ils, a usé sans ménagement du vocable insultant de «traître» à l'égard de tous ceux qui ne partagent pas sa vision et sa démarche. Pied-de-nez aux saillies anti-drapeau amazigh du vice-ministre de la Défense, l'emblème bleu, vert et or symbolisant l'unité et la profondeur identitaire du peuple algérien a été brandi de façon ostentatoire et par milliers. «Mazalagh dimazighen !», ont scandé à l'unisson des milliers de voix dans un défilé où le nom de Gaïd Salah aura été évoqué en des termes pas du tout à sa gloire. «Gaïd Salah dégage !», « Y'en a marre des généraux !» ont, notamment, scandé les marcheurs qui ont même dénoncé son inféodation à une puissance étrangère. «Arrêtez vos manœuvres régionalistes et de division du peuple», a-t-on encore lu sur des affichettes portées par des citoyens qui ont tenu à dire leur refus de la main-mise des militaires sur le pouvoir. «Pour un Etat civil et non militaire !», «Primauté du civil sur le militaire», a-t-on pu lire sur des pancartes brandies. Des marcheurs ont été unanimes à décliner la feuille de route défendue depuis le début par le chef de l'EMG de l'ANP et réitérée dans son dernier discours. «La hiwar, la chiwar (ni dialogue, ni concertation) le départ (du système) obligatoire», ont encore lancé des participants à la marche dont beaucoup ont insisté sur le respect de la souveraineté du peuple. L'affaire des manifestants détenus et des prisonniers politiques a occupé l'essentiel des mots d'ordre lancés par les manifestants qui ont vivement réclamé la libération de tous les détenus politiques et d'opinion et stigmatisé l'instrumentalisation de la justice et fonctionnant à l'injonction. «Libérez les détenus d'opinion, libérez la justice». «Non à la justice du téléphone !», a-t-on scandé dans la marche au sein de laquelle on apercevait des portraits à l'effigie du moudjahid Lakhdar Bouragaâ et des jeunes manifestants incarcérés pour avoir porté le drapeau amazigh. S. A. M.