Le secrétaire général de la présidence de la République, Noureddine Ayadi, s'est exprimé, hier mercredi, sur les principaux sujets d'actualité liés à la situation politique du pays notamment, le mouvement populaire, le dialogue national, l'organisation d'une élection présidentielle, la période de transition et une Constituante auxquelles ont appelé des partis et des personnalités de l'opposition. Dans un long entretien accordé à certains titres de presse nationale, le SG de la présidence a tenu à saluer la maturité politique et le civisme des Algériens en précisant que « l'aspiration légitime au changement a été pleinement entendue et qu'elle se trouve désormais au cœur des préoccupations de l'Etat et, pour preuve , il donnera l'exemple de la lutte contre la corruption et contre l'impunité qui «connaît des avancées incontestables». Il estimera, par ailleurs, que : «La non-tenue du scrutin prévu le 4 juillet a offert au pays une opportunité pour ajuster la démarche et ouvert la voie à un dialogue national de nature à permettre la réunion des conditions pour une meilleure organisation du prochain scrutin.» Et de poursuivre : «Pour ce qui est du Conseil constitutionnel, même si certains considèrent que ce dernier n'avait pas à se prononcer sur le mandat du chef de l'Etat et qu'il devait se limiter à constater l'impossibilité de tenir l'élection présidentielle à l'échéance du 4 juillet 2019, son avis était judicieux et approprié ; car, il faut le rappeler, seul le Conseil constitutionnel est habilité à interpréter la Constitution, autant dans sa lettre que dans son esprit, surtout lorsqu'il s'agit de questions touchant à la continuité des institutions. A noter, au passage, que ceux qui dénient au Conseil constitutionnel le droit d'interpréter la Constitution ne se privent pas de s'arroger, indûment, le droit de le faire.» Selon lui, «le Conseil a émis un avis, en vertu de ses prérogatives et conformément à l'esprit et à la lettre de la Constitution et l'Etat n'avait d'autre choix que de suivre cet avis et de rester dans le cadre constitutionnel.» Sans omettre de préciser qu'il y a ceux qui ignorent la gravité de l'absence des équilibres institutionnels, politiques et sécuritaires. Une période de transition ouvrirait la voie à l'anarchie et à l'aventurisme Abordant la question de la période de transition, M. Ayadi a expliqué que «l'option pour une période de transition implique nécessairement la mise entre parenthèses des institutions constitutionnelles en place pour leur substituer des entités autoproclamées, agissant en dehors de tout cadre juridique et institutionnel». Et de poursuivre : « Une telle approche reviendrait à instituer un système de cooptation de ceux qui sont appelés à conduire la transition, dépourvu de toute légitimité, de tout ancrage juridique et qui fonctionnerait sans règles définies et, en tout cas, en dehors des lois de la République, puisque la Constitution sera gelée.» La période de transition, selon le SG de la présidence, ouvrirait donc la voie « à l'anarchie et à l'aventurisme, ainsi qu'aux ingérences de toutes sortes avec ce qu'elles comportent comme périls et menaces pour la sécurité de l'Etat dans un contexte géopolitique perturbé et hostile». Il plaide, en revanche, pour une présidentielle dans les meilleurs délais : «aller rapidement à l'élection présidentielle en lui assurant de bonnes conditions organisationnelles, consacrer la transparence et la régularité de ce processus, travailler à obtenir le consensus le plus large possible sur la conduite de ce processus et sur les termes d'un accord politique sur les modalités d'organisation des élections, ne pas impliquer nos forces armées dans les considérations politiques et politiciennes. En effet, ceux qui ont revendiqué l'implication de notre armée dans le dialogue politique n'ignorent rien du piège qui lui est ainsi tendu. Républicaine et patriote, notre armée connaît parfaitement ses missions constitutionnelles et agit en conséquence pour protéger notre pays des dangers qui le guettent». Le panel mandaté pour remédier à la crise de confiance Pour réunir les conditions et les modalités d'organisation, de contrôle et de supervision qui vont entourer l'élection présidentielle dans toutes ses phases, il faut impérativement instaurer un dialogue national inclusif sur l'ensemble de ces modalités. M. Ayadi poursuivra sa lecture en disant : «Ce choix constitue un gage de bonne foi et un geste d'apaisement de nature à tempérer les tensions politiques. Il constitue une garantie pour une participation large au dialogue politique et pour remédier à la crise de confiance. Il devrait être de nature à débloquer les oppositions de forme et de fond et surtout rassurer sur les conditions du déroulement des élections.» Le panel conduira les discussions sans l'armée ni l'Etat et selon les explications de M. Ayadi : «Le panel aura le choix d'organiser le dialogue comme il l'entend, selon les formes qui lui paraissent les plus adaptées : dialogue préparatoire avec les forces politiques et citoyennes pour recueillir leurs suggestions, contacts bilatéraux et/ou rencontre multilatérale de concertation, comme aboutissement des consultations préliminaires et qui déboucherait sur l'adoption d'une feuille de route consensuelle.» Les recommandations et les textes issus du processus de dialogue seront pris en compte. La Constituante est de «nature à faire perdurer la crise» Concernant «l'option de la Constituante, pour légitime qu'elle puisse paraître aux yeux de ses promoteurs », pour le SG de la présidence, elle «véhicule en son sein l'idée de remise en cause des principes fondamentaux régissant le pays et la mise à plat de questions existentielles laborieusement construites depuis, voire avant l'indépendance du pays. Vouloir rouvrir le débat sur ces questions, dans un contexte de vulnérabilité, c'est courir le risque de fragiliser la cohésion sociale et de porter atteinte à l'unité du peuple et à la sécurité du pays». «S'engager dans un tel processus, dont on ignore la durée et les conséquences, nécessitera également une transition, avec les inconvénients déjà évoqués, à savoir la suspension des institutions en place et leur substitution par des mécanismes fragiles, improvisés dans la précipitation, dénués de toute légitimité», a-t-il dit, ajoutant que «cette option est, à l'évidence, de nature à faire perdurer la crise, au moment où le peuple réclame une issue à celle-ci et où le pays a besoin de solution et de stabilité.» Le SG de la présidence a tenu à rappeler que «le président de la République qui sera élu, sera en position et aura la légitimité nécessaire pour engager une réforme de la Constitution, s'il le juge approprié. Scrutin : la date sera arrêtée dans le cadre du dialogue «Il est souhaitable que cette date du scrutin soit la plus rapprochée possible, en raison des conséquences néfastes d'une prolongation de la situation actuelle sur le fonctionnement de nos institutions, sur notre économie et sur l'état des relations internationales ainsi que sur l'image que se font nos partenaires étrangers de notre pays», a estimé M. Ayadi . Cette date devra être arrêtée dans le cadre du processus de dialogue et sa fixation devra, bien sûr, dépendre du délai du déroulement du dialogue, des exigences légales du processus d'adoption des mesures législatives et réglementaires et du calendrier électoral. Insistant sur les enjeux importants de cette élection présidentielle, le SG de la présidence indique qu'«elle constitue l'amorce d'un processus de rénovation institutionnelle et politique, attendu par tous, et qui sera engagé par le président de la République élu». Synthèse Ilhem Tir