Le chef de l'Etat est depuis mardi dernier dans une position des plus inconfortables, voire intenables. Abdelkader Bensalah est publiquement désavoué par le chef d'état-major de l'ANP. Les promesses faites au panel sont balayées d'un revers de main par Gaïd Salah qui oppose un niet catégorique aux préalables posés par les membres du panel. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Ce n'est ni plus ni moins qu'un recadrage en bonne et due forme auquel s'est livré le chef d'état-major. Publiquement, il s'oppose aux promesses faites par Abdelkader Bensalah aux personnalités reçues jeudi dernier à la présidence. Si le chef de l'Etat s'était montré conciliant et ouvert à l'idée des mesures d'apaisement, Gaïd Salah ne veut même pas en entendre parler. La mise au point est de taille et intervient à un moment où l'impasse est totale. En recevant jeudi six personnalités chargées de faire de la médiation, le chef de l'Etat entendait accélérer la mise en place de la feuille de route devant permettre l'organisation dans de «bons» délais, de l'élection présidentielle. Le chef de l'Etat donnait jusque-là le sentiment d'être aux commandes. La dernière sortie du chef d'état-major apporte la preuve que l'initiative reste dans le camp de Gaïd Salah, qui entend fixer les règles du jeu, au risque de conforter la thèse d'un pouvoir bicéphale. Bensalah apparaît comme le plus grand perdant dans cette équation. Il assure la présidence de l'Etat depuis le départ de l'ex-président de la République non sans difficultés. Rejeté par la rue, considéré comme exerçant en dehors du cadre constitutionnel, le chef de l'Etat voit sa légitimité encore un peu plus tailladée par ce désaveu public. Le ton emprunté par le communiqué de la présidence à l'issue de la rencontre de jeudi était pourtant empreint d'optimisme. Ses rédacteurs assuraient que «en réaction à une sollicitation des membres du panel sur les mesures d'accompagnement et d'apaisement qu'il y a lieu de prendre, le chef de l'Etat a fait état de sa disponibilité à œuvrer pour inviter la justice à examiner la possibilité d'élargissement des personnes, dont l'interpellation s'est faite en lien avec le déroulement des marches populaires, à envisager l'allègement du dispositif mis en place par les services de sécurité» et d'ajouter que «le chef de l'Etat a également fait part de sa disponibilité à faire prendre les mesures de nature à faciliter l'accès aux médias publics à toutes les opinions, à travers l'organisation de débats contradictoires et ouverts à toutes les expressions politiques, sans exclusive». Des promesses auxquelles le chef d'état-major répond par un non des plus catégoriques, mettant le chef de l'Etat dans une position des plus difficiles, lui ôtant le peu de crédibilité dont il jouissait aux yeux de la rue. Ainsi recadré, le chef de l'Etat qui a tenté de jouer la carte de l'apaisement se retrouve bridé par un chef d'état-major qui préfère opposer une grande fermeté et dicter les règles du jeu. Un scénario dans lequel le chef de l'Etat n'aurait, visiblement, non pas le rôle de celui qui prend l'initiative, mais de celui qui doit mettre à exécution un plan avec une marge de manœuvres des plus réduites. N. I.