La semaine a été pénible. C'est un peu paradoxal, pour une semaine censée être entièrement dédiée au… dialogue. Il paraît que de la discussion jaillit la lumière, la formule n'est peut-être pas tout à fait tombée dans la désuétude mais il y a des raisons de croire que ce n'est pas loin. D'abord cette polémique sur le sujet des discussions, des hommes qui doivent les mener et les perspectives qu'elles sont censées ouvrir. Puis Gaïd Salah est venu «mettre tout le monde d'accord», c'est-à-dire renvoyer tout le monde dos à dos. Le dialogue, c'est l'élection présidentielle dans les «plus brefs délais», ceux qui sont contre mettent le pays en danger et il n'est pas question de leur céder quoi que ce soit. Il n'y a pas de prisonniers d'opinion et ceux qui ont brandi l'emblème amazigh ont porté atteinte aux symboles de l'Etat et souillé le drapeau national. Circulez, la récréation est terminée. La semaine a été moins pénible, l'une des figures les plus en vue du panel s'est retirée dans la foulée de la sortie du chef de l'armée et sa réaction a été diversement appréciée. Il y a d'abord ceux qui ont salué cette défection qu'ils ont assimilée à un courage politique assez rare au niveau d'implication qui est le sien. D'autres ont estimé qu'il n'aurait simplement pas dû accepter d'y être. D'autres enfin, ceux qui ne se posent pas trop de questions, soutiennent que tout est cousu de fil blanc et qu'il n'y avait de toute façon rien à attendre de toute l'entreprise. La semaine a été pénible. Comme à chaque fois que Gaïd Salah fait un discours, une armée d'experts en tout et surtout en rien du tout sont convoqués aux plateaux de l'ENTV et ses annexes pour nous « expliquer ce qu'il a dit et évidemment qu'il a… bien dit. Parmi eux, un colonel à la retraite du nom de Abdelhamid Larbi Chérif. Présenté comme un «expert en sécurité», il n'a jamais dit un mot sur la… sécurité. Ça aurait pu suffire à apprécier la qualité de ses interventions mais il faut quand même les écouter : un modèle du genre. La semaine a été pénible. On sait que les micro-trottoirs de l'ENTV passent de longues heures sur les tables de montage pour n'en laisser que le nec le plus ultra mais de temps en temps, les «techniciens» vont très loin dans l'innovation. Cette fois, ils ont réussi à trouver quelqu'un qui voulait nous convaincre qu'il n'y a rien en dehors de la Constitution. Et la Constitution, c'est… l'élection présidentielle. Il fallait vraiment la chercher pour la trouver, celle-là. Mais le bonhomme donnait l'impression de l'avoir trouvé sans la chercher. Vraiment génial. S. L.