Ahmed Gaïd Salah cherche à établir un dialogue sérieux et constructif avec les personnalités et les élites nationales pour «trouver les solutions idoines sans délai». C'est une évolution notable dans le discours de Gaïd Salah. Le chef d'état-major de l'ANP veut aller vers une élection présidentielle «dans les plus brefs délais». Il veut y parvenir au moyen d'un dialogue qui mène à un consensus et à un compromis. Dans son discours prononcé hier à l'issue de sa visite à Tamanrasset, Gaïd Salah a utilisé tout le lexique pour se montrer convaincant et sincère, jusqu'à réaffirmer qu'il n'a aucune ambition politique et que son «aspiration majeure est de servir notre pays et notre armée, conformément à nos missions constitutionnelles et c'est là une position dont nous ne dévierons jamais». L'opinion nationale serait davantage convaincue de la sincérité de Gaïd Salah s'il avait donné un meilleur éclairage sur le cadre du dialogue qu'il veut engager et avec quelles personnalités politiques. La première question qui vient rapidement à l'esprit est de savoir s'il compte sur l'actuel gouvernement de Noureddine Bedoui pour organiser l'élection présidentielle ? Un gouvernement décrié par la majorité des Algériens, car installé par le clan maffieux de Bouteflika. Est-ce que ce sera ce même gouvernement qui va chapeauter le dialogue de sortie de crise ? Parmi l'élite politique ciblée, est-ce que certaines figures de l'ancien système seront sollicitées ? Ces trois points peuvent constituer le compromis recherché par Gaïd Salah. Car le chef d'état-major a beaucoup insisté sur son refus de prévoir une transition «aux conséquences incertaines». Pour le général de corps d'armée, il n'y a pas lieu «de perdre du temps dans des discussions stériles». L'échec de l'organisation de la présidentielle du 4 juillet aurait dû entraîner automatiquement la démission du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, dont le mandat prendra fin le 9 juillet prochain, et du gouvernement Bedoui. La logique politique voudrait qu'en pareilles circonstances, un nouveau chef d'Etat soit désigné ainsi qu'un gouvernement «d'union nationale» pour la préparation de la future élection présidentielle. Va-t-on vers ce schéma tel que souhaité par la majorité des Algériens, ou vers la prolongation de mandat de Bensalah et Bedoui ? A l'évidence, Gaïd Salah a entre les mains tous les leviers de commande et devrait agir en fonction des intérêts supérieurs du pays, sur lesquels il y a un large consensus national.