- La situation économique est désastreuse ! - Intéressant ce que tu dis. Mais peux-tu développer, nous l'expliquer plus longuement ? - Impossible ! Pénurie d'encre et de papier ! Déjà ! - ??? « La chkara au cœur de l'enquête ». Je reprends, à bon escient, le titre de mon journal dans son édition d'hier, mardi. A bon escient, parce que le même journal, Le Soir d'Algérie, avec d'autres titres non-offshores, avaient déjà titré de la sorte. Mais du temps du règne et de la splendeur de la « içaba ». Que je préfère appeler « le clan Bouteflika », étant un peu gêné par la tiédeur « anonymiste » de « içaba ». En temps réel, pas après, nous avions couché noir sur blanc en Une et en pages intérieures l'étendue dramatique de la chkara dans les campagnes, toutes les campagnes de Abdekka. Et personne, à cette époque, dans l'aéropage entourant avec des yeux de Chimène cette « fratrie mortifère », entre civils et militaires, n'avait osé émettre un iota d'acquiescement à cette thèse. Bien au contraire, dignitaires civils et militaires avaient pointé un doigt accusateur en notre direction, nous désignant comme « mauvais citoyens » et cible à abattre à plus ou moins court terme. Alors, comment expliquer qu'aujourd'hui, sortis d'un conte bisounours, les mêmes dignitaires civils et militaires font semblant de découvrir l'étendue du scandale de la chkara ? Plus encore, se proposent de nous en faire, zaâma, connaître les profondeurs abyssales ? Désolé, mais nous, nous savions ! Et nous écrivions. A ce moment-là ! Pas après le 22 ! Les dignitaires civils et militaires ne pouvaient pas ne pas savoir. Ils savaient ! Ils n'ont pas écrit. Ils n'ont pas récriminé. Et ils n'ont pas bougé d'un poil ! Ce qui rend parfaitement indécent, follement indécent, le fait de venir aujourd'hui, en décalage horaire sur l'histoire, donner des leçons de patriotisme à ceux qui savaient, qui écrivaient et qui dénonçaient. Pas à nous ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.