Asma El Assad, la première Dame de Syrie «Si nous sommes forts ensemble, nous surpasserons cela ensemble... Je t'aime...» Quelle a été ma surprise, ma belle surprise, j'allais dire, quand en ce matin du jeudi 16 août, j'ouvre le journal L'Expression et tombe nez à nez avec l'article de Zouhir Mébarki, judicieux et remarquable journaliste que je lis toujours avec délectation! Et c'est le titre évocateur qui m'a le plus attiré. Est-ce parce que j'ai longtemps baigné dans le climat du Shâm, non seulement depuis mon séjour, en tant qu'ambassadeur, mais depuis les nombreuses missions que j'ai effectuées dans ma prime jeunesse, dans ce beau pays? En tout cas, me concernant, je ne peux faire l'impasse sur tout ce qui touche à cette région, à son Histoire, à son peuple, à sa civilisation. Alors, quand j'ai terminé l'article, que j'ai lu d'un trait, impatiemment, goulûment, j'ai eu deux réactions, deux seules dans l'immédiat. La première a été une forte peine, doublée d'une sincère compassion à l'égard de la première Dame de Syrie, cette Dame exceptionnelle, Asma El Assad, et je dirai pourquoi après, la seconde, par contre, a été toute la fierté que j'ai ressentie dans la plume honnête, franche et, on ne peut plus courageuse, de mon ami Zouhir Mébarki et, à travers lui, ce soutien indéfectible de l'Algérie aux causes justes de par le monde et, à notre pays frère, la Syrie. Asma El Assad est malade. Un cancer du sein. Et, comme le précise le journaliste, «le sujet n'a rien de politique, mais quand on est l'épouse d'un chef d'Etat en guerre contre plusieurs ennemis, il est difficile d'aborder le sujet exclusivement dans son aspect humain, culturel, éducationnel». Il a mille fois raison car, lorsqu'il s'agit de la première Dame du pays, tous les projecteurs lui sont dirigés et les regards lui sont braqués pour compatir, chez les uns, gloser, confabuler, supputer, extrapoler et, bien sûr, délirer, chez les autres. Les sentiments qui viennent de l'intérieur, des gens du peuple, ne sont que des marques de mansuétude et de sympathie à l'égard de la patiente..., du fait qu'ils sont constants avec eux-mêmes et, comme elle, sont attachés à leur religion, qui les instruit que «le croyant est sans cesse éprouvé dans sa personne», selon le Hadith de notre prophète Mohamed (QSSSL), rapporté par Tirmidi. Par contre, quand ces sentiments viennent de l'extérieur, de faiseurs d'opinions, et prennent d'autres formes de réactions en atteignant des proportions d'inimitié et de rancoeur, jamais égalées, ça fait mal, très mal, surtout dans des circonstances exceptionnelles comme celle-ci, la maladie d'une Dame qui mérite, en pareil cas, attention et respect. Ne savent-ils pas la douleur incommensurable que ressentent, avec leurs familles et leurs proches, tant et tant de femmes dans le monde, atteintes de ce mal? Le combat d'une femme, d'une héroïne qui est rentrée dans l'Histoire Cela démontre, de par ces attitudes, allant de l'aversion à l'hostilité, contre ce pays frère de Syrie, contre son peuple et la propre famille du président, que les croisades ne sont pas encore terminées, mais qu'elles se perpétuent à travers les siècles. Elles démontrent également que les leçons d'humanisme et de tolérance, données sur le terrain par l'Emir Abdelkader, en 1860, dans ce Shâm des civilisations, lors de la «Défense des chrétiens», ne sont pas suivies aujourd'hui, pour cesser les complots contre les responsables syriens et épargner la famille du président Bachar des provocations dont elle fait l'objet continuellement. Oui, l'Emir a sauvé 15.000 chrétiens qui allaient être passés au fil de l'épée, et les a abrités dans ses deux palais, celui de «Dommar» et celui de «Laâmara». De cela, les Occidentaux ne veulent pas se rappeler pour ne pas éprouver les tenailles du remords, pour toutes les exactions qu'ils ont perpétuées contre les peuples de cette région, depuis les croisades du XIIe siècle. Mais pour tout ce qui précède en ce qui concerne leur comportement en permanence, on peut dire que c'est une démonstration logique de leur part, du fait qu'ils n'ont point de cesse que lorsque le régime de l'époux, Bachar El Assad, n'ait plus sa raison d'être et qu'il disparaisse pour laisser le terrain libre, tout le terrain, à leur enfant gâté..., Israël. Mais cela, est une hypothèse occidentale, qui ne saurait s'appliquer, aujourd'hui et demain, dans ce pays du Levant où la décision est prise par ses enfants pour continuer la lutte jusqu'à la victoire finale. Ainsi, je reviens au couple El Assad, pour lequel ma famille et moi, avions beaucoup de respect et de sympathie, pendant notre séjour dans ce pays. Et comment, ne les avions-nous pas à l'endroit d'une famille qui, toute simple, toute modeste, démontre, à travers ses attitudes de tous les jours, ses nobles sentiments, dans ses contacts avec la société? J'ai énormément de choses à raconter, tant sur Asma El Assad que sur son époux, le président Bachar, ou sur les deux en même temps. Il y a de quoi écrire pour laisser des traces et donner l'occasion à notre jeunesse d'aujourd'hui, pour peu qu'elle soit informée de la patente situation dans la Syrie meurtrie par presque une décennie de guerre, de faire le distinguo entre ce qu'on raconte «d'ailleurs» et ce qui se passe réellement sur le terrain, en vérité. A ce moment-là, notre jeunesse, serait fière et pourrait s'enorgueillir de gens - au rang de chefs - comme les Assad qui sortent pratiquement du lot, dans le Monde arabe, parce qu'ils méritent cette aimable description de Zouhir Mebarki quand, par exemple, il dit de Asma, l'épouse, à qui je consacre ce papier: «Avec l'éducation qui sied à la noblesse (pris ici dans le sens positif du terme), quand on voit les quelques images d'elle aujourd'hui, on devine à son maintien raffiné, à ses gestes gracieux et à son élégance, quelque chose de princier qui remonte à sa plus tendre enfance.» Voyons quelques exemples de noblesse et de courage, que je vais raconter dans la simplicité du style et de la sincérité du propos. Asma El Assad, la première Dame de Syrie, assiste à un bazar de charité qu'organise mon épouse, dans les salons du Sheraton-Damas qui lui sont réservés gratuitement, pour la bonne cause. Le stand algérien est bien achalandé, bien animé, comme à l'accoutumée, depuis mon installation dans ce pays d'accueil. Je suis présent à cette importante manifestation qui se situe à la veille du Ramadhan. Asma El Assad arrive en tenue décontractée, souriante. Je la reçois. Elle salue mon épouse et étreint une jeune Algérienne, fille d'un de mes conseillers à l'ambassade, qui est là, chargée de l'accueil. Elle lui tape sur l'épaule et dit, tout en balayant du regard le stand: «Qu'as-tu de bien à me proposer?». Et soudain, avant qu'elle n'ait le temps de lui répondre, son regard se fixe sur une parure de bijoux kabyles, venant droit de Beni-Yenni. «Ce bijou, par exemple...» dit-elle. La demoiselle le lui présente. Elle l'examine. Il lui plaît et jette, comme une bonne cliente décidée: «Combien?» La demoiselle, un peu gênée, lui répond doucement: «200 $, Madame, mais peut-être que Son Excellence Monsieur l'ambassadeur, vous demanderait moins...» - «Ah, non! charmante demoiselle; là, tu me parais trop timide pour être une bonne commerçante (lui dit-elle avec un grand sourire). Vois-tu, j'aurai souhaité que tu multiplies ce prix-là par 5, par exemple, car il s'agit d'un bazar de charité et... de solidarité... Alors, sans demander ton avis, je vais l'acheter au prix que je veux...» Elle ouvre son sac, tire son porte-monnaie et lui tend quelques billets de banque. Elle paye mille dollars - 1000 $ - pour s'offrir cette belle petite parure en argent venant des montagnes du Djurdjura. La solidarité n'a pas de prix, n'est-ce pas? Et c'est là où je voudrais insister sur le caractère de noblesse de cette Dame qui saisit rapidement les besoins des nécessiteux et autres miséreux, et qui oeuvre pour les résoudre ou, à tout le moins, pour les atténuer. Et elle en fait beaucoup dans le domaine caritatif. C'est dire qu'elle vit profondément dans la masse, celle qu'on a décrétée «Persona non grata» en Europe et qu'on affuble d'impertinente insensible des malheurs de son peuple et d'insatiable profiteuse des avantages du Palais présidentiel. Ces mêmes médias occidentaux, pour la discréditer aux yeux de l'opinion internationale, sont allés jusqu'à la mettre à la une, pour un certain bracelet Jawbone UP qu'elle porte à son poignet droit. Voilà encore une autre «histoire» bizarre qu'ils ont montée en épingle pour nuire à sa notoriété et à sa popularité dans son pays. C'est le week-end, Asma et Bachar sont à Alep. Ils décident de passer leur soirée au théâtre de la deuxième ville du pays. A l'affiche: (Houkoumet Ez Zo'rane), Le gouvernement de voyous..., un titre évocateur dans une pièce écrite et jouée par de jeunes architectes de Alep qui ont du caractère, du cran et des idées progressistes. Inutile de parler du contenu de la pièce, un contenu à 100% politique. Du vitriol! Le couple achète ses billets et s'installe au fond de la salle. Cependant, il est vite repéré, malgré toute sa discrétion. L'information circule rapidement dans les rangées, comme une traînée de poudre. La pièce se joue normalement. Mais, à un certain moment, les artistes ayant été avertis de la présence du «raïs» et sa charmante épouse, se contractent pendant quelques instants et, dans un regain de confiance, se ressaisissent et s'élancent dans leur dialogue incisif, amer, comme si de rien n'était. Un autre exemple de courage du couple El Assad L'entracte. Bachar et son épouse vont à la rencontre des artistes. Surpris, éberlués, ces derniers les reçoivent courtoisement, non sans inquiétude et émotion... Le couple remarque cette appréhension, difficilement maîtrisable chez les artistes. Et à Bachar de rassurer: «C'est parfait ce que nous venons de voir, ce soir, en cette première partie de votre spectacle... C'est du béton, car vous n'y allez pas avec le dos de la cuillère, je l'avoue. C'est courageux de votre part. Cependant, nous vous demandons, mon épouse et moi, de jouer cette pièce à Damas et de rester le temps que vous voulez pour intéresser le maximum de gens. C'est ça la démocratie, la nôtre, qui n'est pas connue dehors, hélas, en Europe et ailleurs...» Cette pièce est restée à l'affiche plus d'une année à Damas avant de séjourner dans d'autres régions du pays où elle a eu le succès escompté. C'était en 2004. Et pour conclure sur le mensonge, la perfidie, l'imposture, la dissimulation et l'artifice par lesquels se caractérisent les médias étrangers pour s'attaquer à la Syrie, un pays souverain, et mettre en difficulté ses dirigeants, nous leur disons que vos délires sont un danger, notamment quand on connaît leur influence médiatique sur le grand public... Ainsi, notre seule réponse, dans cette présente contribution, est de dire - pour instruire ce grand public - comment les médias aujourd'hui, et certains littérateurs hier, ont travesti la réalité et occulté la vérité, pour les besoins de l'écriture et la bonification de leurs oeuvres pour les uns et de la guerre de l'information, pour les autres. Tenez, le Cid de Corneille, par exemple, nous a fait aimer le couple Rodrigue-Chimène, devenu célèbre par le dilemme qui porte son nom. Dans cette remarquable pièce, Rodrigue, qui doit épouser Chimène qui l'aime et dont il est amoureux, doit venger l'honneur de son père «bafoué» par le père de Chimène. Une pièce d'une rare beauté - il faut le reconnaître -, décrivant deux personnages d'une grande valeur morale, dans cette Andalousie déchirée par les dissensions, les révoltes et les alliances contre nature. Mais, en revenant à notre siècle, nous pouvons affirmer que l'Histoire écrite par les adversaires de la Syrie et, plus encore, par l'ensemble de l'Occident, ne comble pas d'éloges le couple Bachar-Asma El Assad. Car, ce couple est classé dans la gentry des dictateurs, des criminels de guerre et autres destructeurs de l'humanité. Je prends donc ces deux couples en exemple, l'Andalou et le Syrien, pour établir la comparaison antinomique, à bien des égards, qui va nous apprendre la dangerosité du mensonge, de la dissimulation de la vérité et de la mystification des peuples lorsqu'on abuse de leur crédulité. Franchement, il n'y a pas de comparaison possible entre les deux couples, certes séparés par les siècles, mais unis dans l'altération de leur condition dans la société. Commençons par les héros de Pierre Corneille, dans le Cid, une pièce jouée pour la première fois en décembre 1636. Qu'étaient-ils, au juste ses héros, Rodrigue et Chimène, dans la vie de tous les jours. Suivez-moi, vous allez en avoir pour votre compte dans cette histoire, hélas vraie. La principauté de Valence, cette belle région d'Andalousie, n'a jamais connu les moments les plus sombres de son Histoire que sous la direction du Cid, un jeune chef militaire d'une cruauté sans pareille. Ce dernier a mené une terrible répression contre de nombreuses personnalités, qui ont été brûlées vives, et contre la population de Valence qui a été amenée, car terrifiée et affamée, à se nourrir «de rats, de chiens et de charognes». Un calvaire, selon les historiens, qui allait durer plus de vingt mois «malgré les tentatives des généraux almoravides pour ramener Valence à l'Islam». A la mort du Cid, en 1099, Valence a connu un autre désastre, celui de Chimène, sa femme, qui était tout aussi cruelle et inhumaine que son défunt époux. N'a-t-elle pas incendié cette belle ville avant de l'abandonner? Cet acte criminel a bouleversé les musulmans de l'Andalousie et a permis à de nombreux poètes, dont Ibn Khafadja, de rédiger, dans une profonde tristesse, les meilleurs vers pour pleurer cette hécatombe. Mais malgré ces massacres, Chimène a été réhabilitée par Corneille, dans son imagination poétiquement emphatique. Ainsi, en faisant nos humanités, lorsqu'on nous apprenait à nous armer pour la vie, par une confrontation avec les grands textes du passé, nous apprenions par coeur les répliques de la charmante Chimène à son beau Rodrigue. Et nous les avons aimés..., dans notre naïveté! Est-ce que Asma El Assad, sera un jour, reconnue comme une grande chez les Occidentaux, elle qui subit depuis 2011, une autre comédie, élaborée à l'extérieur de Damas, hors des frontières syriennes? Il est difficile de l'espérer en notre temps, à cause de notre faiblesse, face au monde occidental..., une faiblesse qui fait sa force, bien entendu. Car, ce Monde arabe, qui vit à la traîne de ces derniers, ne peut absolument pas présenter Asma et Bachar El Assad sous leur bel aspect, en célébrant leur couple harmonieux, amoureux et inséparable dans le bonheur comme dans l'adversité et l'infortune, ce couple qui combat aujourd'hui, pour la justice, l'unité de son peuple et la tolérance, ce couple qui subit, en revanche, des détracteurs et des diffamateurs qui le peignent de tous les mots et l'accablent de tous les maux. Ainsi, la poésie du couple El Assad, ne passera pas en Occident, car ils l'ont rendue macabre avec des images qu'ils ont su fabriquer et vendre à travers leurs médias expérimentés en artifices et en contrevérités. Ainsi, l'Occident, par le biais de son grand poète Corneille, a anobli un couple pour en faire un symbole, en écrivant, je l'avoue une merveilleuse histoire d'amour, alors qu'en réalité nous savons maintenant ce qu'étaient Rodrigue et Chimène. C'est son droit le plus absolu, et nous n'allons pas refaire l'Histoire, en lui reprochant d'avoir exhibé le fruit de son imagination..., au moment où nous sommes absents, loin de la réalité de notre temps. Mais vous, les poètes, écrivains, penseurs arabes, vous qui êtes connus pour l'exubérance de votre imagination et la force de votre création dans le rythme et l'harmonie, ne pouvez-vous pas vous dépoussiérer et accéder à l'excellence en défendant vos frères et vos soeurs qui démontrent sur le terrain de la réalité, leur force de caractère et leur amour pour leur patrie? Vous l'avez pourtant si bien fait, pendant notre lutte de Libération nationale, en mettant au firmament du sacrifice et de la gloire notre Djamila, l'héroïne de la bataille d'Alger! Là, vous avez dit la vérité sur le combat d'une femme, d'une héroïne qui est rentrée dans l'Histoire. Pourquoi ne pas continuer aujourd'hui sur votre lancée, pour clamer la vérité sur plusieurs femmes arabes dont Asma El Assad, cette Dame courage, symbole de la détermination, de l'engagement et du sacrifice pour une cause, la libération de son pays des forces du mal. Oui, écrivez au monde, mais, avant tout, à nos enfants, non pas pour la défendre simplement, mais pour décrire le combat d'une femme qui se veut persévérant, patient et assidu dans le temps et dans l'espace. Un combat qu'elle mène avec son époux, à ses côtés et aux côtés du peuple syrien qui ne désempare pas. Elle-aussi ne désempare pas, et elle le dit haut et fort, au vu et au su de tous, en s'adressant à son époux: «Si nous sommes forts ensemble, nous surpasserons cela ensemble... Je t'aime...».