Rares étaient les journalistes qui ont pu accéder, hier mercredi, à l'intérieur des locaux de la permanence de l'instance de dialogue et de médiation «conseil consultatif des sages» représentant le panel de Karim Younès, afin d'assister à la conférence de presse animée par M. Noureddine Djeloulli, coordinateur de cette instance. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Pour cause, à l'extérieur, plusieurs personnes, des universitaires, des citoyens, des membres d'associations, des jeunes, des citoyens actifs du Hirak, observaient un rassemblement de contestation contre, justement, l'ouverture de ce bureau. Une fois que nous avons pu accéder à l'intérieur des locaux en question, un groupe parmi les contestataires est venu frapper à la porte pour dire «non au dialogue avec des traîtres, non, personne ne parle au nom du peuple, Karim Younès ne nous représente pas… », demandant à ce que la conférence de presse n'ait pas lieu, et traitant souvent la presse de traîtresse. La tension est vite montée d'un cran puisque le coordinateur leur a signifié qu'il était hors de question de les laisser accéder aux locaux n'étant pas journalistes, mais qu'ils seraient les bienvenus une autre fois pour dialoguer. A cela, les contestataires afficheront un refus catégorique et continueront à tambouriner sur la porte close et à scander des slogans contre les acteurs du dialogue. La conférence de presse a failli être annulée au vu des tensions, mais Noureddine Djellouli a fini par prendre la parole pour expliquer aux quelques journalistes présents (les autres sont restés à l'extérieur, n'ayant pu accéder face aux manifestants) que l'ouverture de ce premier bureau au niveau national découle d'une nécessité d'ouvrir le débat avec la société et de tenter de convaincre de la nécessité de la tenue de l'élection présidentielle. «Nous avons acquis l'intime conviction que, depuis le 22 février 2019, le débat est arrivé à maturité et les enjeux sont parfaitement maîtrisés.» Pour lui, aujourd'hui, la décantation révèle deux lourdes options «les tenants d'une constituante face aux tenants d'une élection présidentielle dans les plus brefs délais», le comité d'Oran se dit pour la deuxième option, à savoir l'élection présidentielle. Tout au long de cette courte conférence de presse, les cris et les coups sur la porte du bureau du Panel continuaient de plus belle, c'est à peine si le discours était audible. Dehors, une autre foule de contestataires s'est rassemblée et scandait le rejet du dialogue avec les représentants du Panel et ceux du régime. Pour notre interlocuteur, ces contestataires «refusent le dialogue, leur objectif c'est d'empêcher la conférence de presse. Il y a malheureusement dans le Hirak ce caractère pacifique qui est en train de s'éroder. Vous voyez bien la violence verbale. Il y a dans le Hirak des nihilistes, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas de leur initiative est rejeté. Au niveau des partis de l'Alternative, ils ne savent pas qu'il y a des jusqu'au-boutistes, des extrémistes, des radicaux parmi les gens du Hirak». A la fin de la conférence de presse, il aura fallu «oser» sortir puisqu'à l'extérieur, les journalistes ayant assisté à la conférence de presse étaient attendus de pied ferme pour «n'avoir pas boycotté la conférence de presse». Accueillis par des cris et des accusations de presse qui ne représente pas le Hirak, nous serons, pour notre part, épargnés étant, disent-ils, «des habitués des couvertures médiatiques du hirak». Toutefois, un confrère a été bousculé et les sages parmi les contestataires ont calmé les esprits. Nous sommes restés sur place afin de poursuivre la seconde partie de notre travail en donnant la parole à ceux qui sont venus contester l'ouverture de ce bureau du Panel à Oran. L'un des membres du comité anti-répression d'Oran, en l'occurrence Kaddour Chouicha, nous dira qu'à la base, il était prévu un rassemblement de protestation devant le tribunal contre l'emprisonnement des détenus d'opinion et des détenus politiques. «Dans la soirée, nous avons eu l'information qu'il allait y avoir cette rencontre, on a décidé de venir ici pour dire que vous ne représentez en aucun cas, ni la population ni le Hirak. Personne ne vous a mandatés. Nous sommes venus les dénoncer pour montrer que c'est une manœuvre supplémentaire de la part du pouvoir pour essayer de faire passer ce qui les intéresse, c'est-à-dire l'élection présidentielle ! Nous sommes des extrémistes dans le sens où on suit ce que dit le peuple ‘'ils dégagent tous'', nous savons qu'on ne peut pas se réapproprier le pays si on laisse les mêmes hommes, les mêmes règles, la même Constitution… On ne peut rien faire avec ça, nous devons construire une Algérie dans la paix». Pour revenir à l'ouverture de ce bureau du Panel qui est le premier au niveau national, nous dira son coordonnateur, il s'agit là d'une vision de Karim Younès de doter chaque pôle universitaire et les grands centres urbains, tels que Constantine, Annaba, Alger et Ouargla, de permanences afin d'ouvrir le dialogue avec la population et transmettre, par la suite, les contenus à l'instance à Alger. A. B.