Pour marquer la fin de la légitimité constitutionnelle mise en avant par le pouvoir jusqu'à ce 9 juillet, les manifestants scandaient "Ça y est, ça y est, echaâb houa erraïs." Une imposante marche, précédée par un rassemblement dans l'enceinte même de la cité administrative de Tizi Ouzou, a été organisée, hier, à l'appel du groupe d'élus RCD à l'APW, pour, à la fois, exiger la libération des détenus d'opinion et faire de cette journée du 9 juillet, qui marque l'entrée officielle dans le vide constitutionnel, une journée de mobilisation. Le rassemblement a débuté à 10h devant l'entrée du bâtiment abritant le cabinet du wali, où les manifestants commençaient à se rassembler dès 9h. Parmi ces derniers, on distinguait des élus du FFS, du RCD, du FLN, du RND et des indépendants, auxquels se sont joints également des militants politiques comme ceux du RPK, des avocats, des syndicalistes, des journalistes, des militants des droits de l'Homme, des étudiants et les familles des manifestants jetés en prison pour port du drapeau amazigh. En main, des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, entre autres "Libérez les détenus d'opinion", "Halte aux poursuites judiciaires", "Libérez Samira Messouci et tous les autres détenus d'opinion", "Libérez Chami, Acherfouch, Bacha et Ould Taleb", "Libérez Louisa Hanoune", "Gaïd Salah dégage", "Non à la criminalisation des opinions", "Tilleli iymehbas", "Non aux condamnations sans loi", "Etat civil", "Primauté du civil sur le militaire". Des dizaines d'emblèmes amazighs et de drapeaux nationaux, de portraits de Samira Messouci et de plusieurs autres détenus ont été brandis par les manifestants qui scandaient en chœur, sous les fenêtres du premier magistrat de la wilaya, des slogans en faveur de leur libération. "Libérez les détenus", "Mazalagh d Imazighen", "Djazaïr hourra democratia", "Telgou weladna ya lkhawana", "Ya Amirouche ya El-Houès, echabab âamrou lehbès", "Ulac smah ulac", "Y en a marre des généraux". Pour marquer la fin de la légitimité constitutionnelle mise en avant par le pouvoir jusqu'à ce 9 juillet, les manifestants scandaient également : "Ça y est, ça y est, echaâb houa erraïs." À 11h, la foule devient imposante puis la marche s'ébranle et quitte le siège de la wilaya par l'entrée officielle pour se diriger vers le tribunal, au centre-ville. Les militants du RCD, du FFS, du FLN et du RND avancent côte à côte et scandent des slogans hostiles au système en général et à Gaïd Salah en particulier. Du jamais vu jusque-là. Une preuve tangible, si besoin est, que l'affaire des détenus n'a fait qu'unir davantage le peuple contre le pouvoir qui, lui, espérait le diviser. Tout au long de cet itinéraire menant vers le tribunal, des centaines de citoyens anonymes, parfois tirant un drapeau de leur poche, se joignaient à la marche. Devant le tribunal, la foule scandait encore : "Libérez la justice", "Libérez les détenus", "Madania, machi âaskaria", "Errahil obligatoire", "Adalat el issabat, tassfiat el îssabat", "Nekni nennad atsrouhem". Une prise de parole a été ensuite improvisée et les intervenants ont, chacun à sa manière, condamné ces arrestations "arbitraires", qualifié l'emprisonnement pour port du drapeau amazigh de "racisme d'Etat" et appelé à la poursuite de la mobilisation jusqu'à la libération du dernier détenu d'opinion et au départ du système tout entier.