Il est encore question de langue. Comme si le problème de l'Algérie se résumait à un problème de langue. Sinon comment expliquer la «khardja» du ministre du Commerce ? Remettons le problème dans son contexte ! Voilà, c'est simple ! L'avenir de notre pays est suspendu aux enseignes commerciales. Oui, c'est aussi banal que ça. Le ministre du Commerce, comme s'il n'avait rien d'autre à faire, rappelle aux commerçants d'arabiser leurs enseignes. Une fois les enseignes arabisées, l'Algérie sera en phase avec elle-même. Wech, on s'ennuie tellement dans ce ministère, wella ? Pour casser l'ennui, on interpelle les commerçants des quarante-huit wilayas. «Arabisez vos enseignes, il y va de l'avenir de notre pays», semble dire le ministre du Commerce. à remarquer, c'est une occupation comme une autre. Je vois d'ici les inspecteurs de commerce, au lieu de faire leur job, verbaliser les commerçants pour défaut d'enseigne «arabisée». Je vois d'ici le pauvre commerçant se mettre à l'ouvrage. Ayya kho, une idée d'enseigne, vite ! Une proposition : «Ici, vente de dadjadj et de ouled l'djadj». Déjà qu'il y a sur les devantures de nos magasins des perles, à mourir de rire ou à se taper la tête contre la vitrine, avec cette nouveauté, il va y avoir un prix national de la meilleure enseigne «arabisée». Au fait, comment dire «Réparation d'échappement» ? Ou «Vulcanisateur» ? Ou «Quincaillerie» ? Il faut une institution pour s'occuper d'établir un glossaire. Le Haut Conseil à la langue arabe ? Oui, pourquoi pas ? Et le Haut Commissariat à l'amazighité ? Pour l'autre langue. Oui, pourquoi pas ? Que le ministre du Commerce me permette ce conseil : «Maâli El Wazir, je vous conseille humblement de lire Enseignes en folie, 1 et 2» de l'ami Hakim Laâlam. Quoi? Que je vous adresse ce conseil en langue arabe ? Attendez ! Je consulte «Google traduction». Il est question d'un changement de villa au Club-des-Pins. Je ne vais pas m'étaler sur ce sujet. L'information est sortie sur le «Periscoop» de notre journal, Le Soir d'Algérie. Pour un scoop, c'en n'est pas un ! Du tout, alors ! Ce qui se passe à l'intérieur du Club ne m'intéresse en aucune manière. Et ça ne devrait pas intéresser nos lecteurs. C'est ce que je pense. Qu'on refasse la peinture de la façade de la villa de flen ou flen, ministre de ceci ou de cela, je reste de marbre. Qu'on règle la parabole de flen ou flen, ministre de ceci ou de cela, ça ne me fait ni chaud ni froid. Ce n'est vraiment pas une info, loin s'en faut ! Qu'on surélève d'un étage, ou de deux, la villa de flen ou flen, ministre de ceci ou de cela, je n'irai pas — de toutes les façons — contrôler le modificatif du permis de construire. Ni le certificat de conformité. Il n'y a rien de croustillant dans ce «kh'bar». Ça ne l'est même pas. Par contre, l'info sur les enseignes à arabiser, là, c'est une info de taille ! De très grande taille ! Un ex-Premier ministre qu'on déplace d'une villa à une autre ! Et alors ? C'est une affaire entre «Eux» ! ça ne nous regarde pas ! Grand bien fasse à cet ex-Premier ministre s'il bénéficie d'une plus grande villa, plus belle et plus cossue. Je ne vais pas lui contester ce privilège. C'est comme ça ! Voilà tout, voilà ‘ti ! Il est question d'un nouvel aéroport. Tout le peuple sait qu'il y a un nouvel aéroport à Dar El Beida. J'ai des choses à dire sur cette «nouvelle gare des avions», selon la succulente expression d'un remonteur du temps. J'y suis allé attendre un proche. Et j'ai des observations à faire, sans avoir à établir une quelconque comparaison avec un aéroport étranger. Ce n'est pas mon propos ! Il est mignon, cet aéroport. Je le reconnais volontiers. Des tableaux d'affichage électroniques, c'est bien. Mais ils sont trop petits ; il est difficile à un regard vieilli de trouver la correspondance voulue. J'espère que ce n'est pas de l'économie de bout de chandelle. Puis, il n'y a pas de sièges pour ceux qui attendent leurs proches. Oui, pas de chaises. Ni de bancs. Alors, les gens se rabattent sur les rebords des baies vitrées. Ça fait mal aux fesses, à la longue. Mais c'est toujours ça ! Sauf que certains s'assoient à même les marches de l'escalier mécanique. Ça crée un embouteillage ! Mais c'est toujours ça ! On s'assoit là où on peut, surtout quand un avion fait du retard. D'autres, plus riches certainement, préfèrent se reposer autour d'un café. Si on n'a plus mal aux fesses, le portefeuille, par contre, émet de drôles de gargouillis. On n'y va pas de main morte dans ces cafés de cette «nouvelle gare des avions» (la formule me plaît vraiment !). Je vous détaille la facture : 1 thé, 190 DA ; 1 croissant, 130 DA ; 1 café, 190 DA ; 1 boisson importation (un soda, je crois), 490 DA ; 1 eau minérale (petite bouteille), 100 DA. Faites l'addition si vous le voulez ; personnellement, j'ai déjà casqué. Et je m'en mords les doigts. Sans compter la volée de mouches qui n'arrêtaient pas de voleter autour de nous. Et des mouches qui ne laissent rien passer, ni les yeux, ni les chevilles, ni les mains, ni le croissant, ni le thé… Ah, si ces mouches pouvaient s'occuper de régler la facture ! Puis, la clim n'est pas fonctionnelle partout. La prochaine fois, je prendrai avec moi un thermos de café, un autre de thé, de la galette maison (metlouê), de l'eau de robinet (ADE), un tue-mouches, une chaise de plage, un ventilateur portable et une sacrée dose de patience ; qualité que je n'ai pas en ma qualité d'Algérien qui se respecte. Question à un dinar : le ministre du Commerce a-t-il qualité pour intervenir, en cas d'espèce ? Il est question du panel (encore et toujours). Quand j'ai vu sur la presse nationale les propositions du panel, je me suis dit : «Ça y est, ils ont fini leur job. On va passer à autre chose !» Si je comprends bien, le travail étant fini, le panel n'a plus sa raison d'être, non ? Alors, qu'a-t-il à tenter d'installer des permanences un peu partout ? Je vais le regretter ce panel ; on ne s'ennuyait pas avec ses sorties. Le pouvoir a-t-il accepté les propositions du panel ? Je ne sais pas, pour le moment. Je verrai bien demain. Ce ne sont que des propositions, pour le moment. Je parie un verre de thé, à 30 DA, qu'elles ne seront pas retenues par le pouvoir. Mettre de côté le pouvoir exécutif, y compris les walis ! Cela ressemble à une provocation. Ya kho, je n'y crois pas tellement. Désolé, je reste sceptique jusqu'au bout. Puis, parmi les propositions, il n'y a pas d'inscrit «avis favorable du Hirak». Il n'y a pas oreille plus sourde que celle qui refuse d'entendre. Il faut écouter la rue le vendredi et le mardi. Cette élection présidentielle ne pourra être qu'avec l'assentiment des électeurs, ceux du vendredi et du mardi ; à moins que cette élection se fasse contre eux. Dans ce cas, ce sera un passage en force. Et je me refuse de croire à cette solution. Y. M.