Si la majorité des manifestants interpellés dans la matinée d'hier vendredi lors du 30e acte de mobilisation populaire contre le système politique, par les services de sécurité, ont été relâchés le soir de la même journée, ce n'est pas le cas de quelques-uns d'entre eux. Ils seront présentés aujourd'hui dimanche devant le procureur de la République du tribunal Sidi M'hamed. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - En effet, plusieurs citoyens venus participer aux marches à Alger ont été retenus en garde à vue dans les commissariats de police. Ils seront présentés aujourd'hui dimanche devant le procureur de la République du tribunal Sidi M'hamed. Il s'agit, entres autres, de trois militants du RCD, khiraddine Madjani, Awaghlis Arhab et Sami Mazigh Abbas, d'un membre de l'association RAJ, Wafi Tigrine, et l'activiste Mohamed Smallah, selon des informations relayées par le RCD et le RAJ. Vendredi matin, rappelons-le, des dizaines de manifestants ont été interpellés par les agents de l'ordre fortement déployés dans la capitale. Cette nouvelle vague d'arrestations est dénoncée par des partis politiques et des organisations de la société civile. Plusieurs personnes croupissent déjà dans les prisons, en détention provisoire, pour avoir porté l'emblème amazigh lors des marches du vendredi. Si dans les autres wilayas, les manifestants poursuivis pour le même motif ont été libérés, ce n'est pas le cas de ceux qui sont incarcérés à Alger où l'enjeu est capital pour le pouvoir. L'arrestation et le placement sous mandat de dépôt de Karim Tabbou, chef de l'UDS, pour des déclarations politiques a annoncé le début de l'escalade. C'est le deuxième homme politique qui subit ce sort après le moudjahid Lakhdar Bouregaâ. Les deux sont accusés d'avoir porté atteinte au moral des troupes de l'armée. Les jeunes placés en garde à vue ce vendredi seront-ils relâchés aujourd'hui ? Ou plutôt seront-ils envoyés à El Harrach pour avoir exercé leur droit de manifester pacifiquement ? En attendant de connaître le sort qui leur est réservé, le chargé de communication du RCD, Atmane Mazouz, a condamné «une justice qui passe toute une journée et presque une nuit à fomenter pour fabriquer des chefs d'inculpation aux personnes interpellées pour les maintenir en détention», affirmant que cette justice «n'est qu'une justice aux ordres». «Pendant tout le temps qu'on a passé hier (vendredi) jusque tard dans la nuit, la police avait du mal à justifier la détention de ces jeunes en attendant les ordres», écrit-on. L'association RAJ a condamné «avec force l'interpellation et la détention arbitraires du camarade Wafi Tigrine et des autres citoyens dont des militants». L'association a dénoncé une «énième atteinte flagrante aux libertés individuelles et collectives, aux droits de manifestations et de rassemblement». «Le RAJ continue la mobilisation pacifique pour la libération des détenus d'opinion et du camarade Wafi Tigrine et tous les militants, et appelle à la solidarité et à être nombreux et nombreuses au rassemblement pacifique prévu le dimanche 15 septembre à 10h00 devant le tribunal de Sidi M'hamed, rue Abane Ramdhane, Alger. Restons unis, solidaires et surtout pacifiques», lit-on dans un communiqué de l'association. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) a dénoncé ces arrestations et demandé lar libération immédiate des détenus, tout en appelant le pouvoir à respecter les libertés publiques et démocratiques. Le comité national pour la libération des détenus qui a dénoncé l'interpellation des manifestants a affirmé, dans un communiqué hier samedi, que «pour le moment, il n'y a aucune accusation, ni port d'un drapeau amazigh ni atteinte à l'unité nationale ou au moral de l'armée, ni atteinte à corps constitué ou agent de l'ordre». Le comité a appelé à un rassemblement ce matin devant le tribunal de Sidi M'hamed pour soutenir les manifestants et exiger leur libération. K. A.