Le moustique tigre se propage, à une vitesse inquiétante ces dernières semaines. La raison ? L'Institut Pasteur d'Algérie explique que les dernières précipitations, accompagnées d'un réchauffement climatique et d'un taux d'humidité élevé, sont à l'origine de cette situation. L'IPA appelle à la contribution des citoyens en éliminant les sources de prolifération de ce moustique à l'intérieur des maisons. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Des citoyens ont donné l'alerte depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux, sur des cas importants de piqûres de moustique. L'alerte a été reprise aussi par l'Organisation algérienne pour la protection du consommateur, (Apoce). Son président, Mustapha Zebdi, qui a alerté sur le grand nombre de consultations liées à des piqûres de moustique, estime, selon des témoignages, qu'il existe une deuxième espèce, en plus du moustique tigre, actuellement en activité. Or, l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) affirme qu'il n'existe pas une autre espèce de moustique. Selon Zoubir Harrat, directeur général de l'IPA, c'est bel et bien le moustique tigre qui est en train de connaître une activité intense en Algérie. «Le moustique tigre est en train de connaître une densité importante à travers plusieurs wilayas. Des citoyens nous ont envoyé des spécimens, et il s'agit bien du moustique tigre», a expliqué le docteur Harrat. Les raisons de cette prolifération ? Le DG de l'IPA, joint par téléphone, a expliqué que les dernières précipitations et les inondations qui ont touché plusieurs wilayas du pays, accompagnées par la suite par un certain réchauffement climatique, où depuis plus de dix jours les températures oscillent entre 24 et 28°C, plus un taux d'humidité important, sont les facteurs ayant favorisé la prolifération rapide du moustique tigre. M. Harrat pointe aussi du doigt l'absence de campagnes de démoustication dans certaines communes. Cependant, dit-il, le gros problème se situe à l'intérieur des maisons. «Les gîtes du moustique tigre sont à l'intérieur des maisons, un récipient rempli d'eau, dans les jardins où il y a une stagnation d'eau, donc même si l'on met des insecticides à ciel ouvert dans les rues et au niveau des quartiers, les gîtes sont toujours actifs à l'intérieur des maisons, car le moustique tigre ne prolifère pas dans les eaux des oueds pollués, mais il a sa façon de vivre et il prolifère dans de l'eau propre. C'est pourquoi les citoyens doivent comprendre que ce phénomène est intra-domicile», a expliqué le responsable de l'Institut Pasteur d'Algérie qui appelle à la contribution des citoyens et des associations de quartiers pour limiter la densité et la prolifération du moustique tigre. Le docteur Harrat rassure, cependant, qu'aucun cas de dingue ou de zika, maladies véhiculées par le moustique tigre, n'a été signalé jusqu'à présent. Selon lui, une femelle moustique tigre peut pondre jusqu'à 300 œufs par jour. Au bout de trois semaines, dit-il, une femelle peut pondre entre 1 000 à 1 500 œufs, ce qui explique cette prolifération rapide. Dans la capitale, dit-il, les communes où le moustique tigre est en pleine activité actuellement sont celles de Kouba, Birkhadem, Hussein De, Alger-Centre, Saoula, Aïn Benian, Chéraga, Ouled Fayet, Dely- Brahim, ou encore Tipasa. Les professionnels de la santé recommandent de ne surtout pas se gratter en cas de piqûre. Le docteur Lyes Merabet, président du snpsp recommande de désinfecter avec des solutions simples comme de l'eau de javel ou des pommades qui se trouvent dans les officines pour atténuer les démangeaisons. «Si ça évolue, après cela, vers la cicatrisation tant mieux, mais si la partie piquée a tendance à s'étendre et à écouler, il y a infection, il faudra consulter un médecin», recommande le docteur Merabet qui pointe du doigt l'absence de campagnes de drainage et de traitement des oueds. En plus d'être vecteur des maladies de la dingue et du zika, la piqûre du moustique tigre, alerte ce médecin, est très dangereuse sur les femmes, en début de grossesse, car il peut être à l'origine de malformations chez le futur bébé. S. A.