La 1re Rencontre de musique andalouse de style sanaâ a pris fin à Alger avec un concert animé par Noureddine Saoudi et une fusion entre l'Ensemble régional du genre et l'Orchestre symphonique de l'Opéra d'Alger, dirigée dans une atmosphère conviviale par le jeune maestro Lotfi SaIdi. Accueillie à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh, la 1re Rencontre de musique andalouse, dédiée au genre sanaâ sous l'intitulé de «Témoignages», entre dans le cadre du programme régulier de l'Opéra d'Alger qui œuvre, entre autres, à la «préservation et (à la) socialisation de la mémoire culturelle et musicale andalouse». Devant un public restreint, fait de connaisseurs et d'invités, la soirée de clôture a été dédiée à Abderrahmane Belhocine (1909-1982), grand maître de la musique andalouse sanaâ qui a encadré plusieurs noms devenus célèbres dans différents domaines artistiques, à l'instar de Mohamed Kheznadji et Sid-Ahmed Agoumi, deux icônes de la chanson andalouse, du Théâtre et du cinéma, respectivement. Noureddine Saoudi, lui-même élève de Abderrahmane Belhocine, s'est dispensé, le temps d'un tour de chant, de son titre de directeur de l'Opéra Boualem-Bessaïh pour enchanter l'assistance avec Ya racha el fettane et Li habiboun, deux inqilabet dans les modes zidène et raml el maya, avant d'enchaîner, dans le genre h'çin, quelques pièces rendues dans les différentes déclinaisons mélodiques et rythmiques de la nouba. Koulla yaoum bachaïr, Min nadh'mihi el mordjane, Zada el hobbo wajdi, Charibna wa taba charbouna et Essaqi yanouh, sont les titres interprétés par Noureddine Saoudi, avec le vibrato d'une voix présente, à la tessiture large, soutenue par un orchestre, fusion d'une quarantaine de musiciens issus des ensembles andalou et de musique symphonique, que Lotfi Saïdi a dirigé d'une main de maître. Très applaudi par l'assistance qui a pris part au voyage, le ténor s'est déclaré «très heureux» d'avoir pu organiser cet hommage qui «le tenait vraiment à cœur», avant de livrer son témoignage sur son parcours d'élève dans les classes de son maître Abderrahmane Belhocine auquel il vouera «éternellement», a-t-il réitéré, «reconnaissance et respect». L'hommage rendu à Abderrahmane Belhocine a été également ponctué par la projection, tout au long de la soirée, d'anciennes photographies illustrant des moments de vie en classe avec ses nombreux élèves, ainsi que plusieurs témoignages de ses enfants, Mourad, devenu virtuose du piano notamment, et ses élèves durant les années 1960, tous unanimes sur «ses qualités de pédagogue rigoureux et strict». C'est ainsi que Sid-Ahmed Agoumi, très applaudi par l'assistance, fera part des raisons qui l'ont amené à s'inscrire au cours de Abderrahmane Belhocine, se rappelant, avec beaucoup d'humour, de son souci à bien travailler la diction dans la déclamation des dialogues et à respecter le rythme et les intonations de chaque mot prononcé, chose qu'il trouvera, a-t-il-dit, dans l'exercice de la chanson andalouse. Entre chants et témoignages, le public a pris du plaisir à voir de grands noms de la culture algérienne réunis, de l'avis d'une spectatrice, sur scène grâce à l'«œuvre d'un homme» qui aura voué toute sa vie à la «préservation et la promotion» de la musique andalouse dans sa variante sanaâ. La première partie de la soirée a permis d'apprécier quelques reprises, que la vingtaine de musiciens de l'Orchestre symphonique de l'Opéra d'Alger a rendu avec brio, alignant, entre autres pièces, Gabriel's Oboe d'Ennio Morricone, La Paloma de Sebastien Iradier (1809-1865), Habanera de Georges Bizet (1838- 1875) et Stand by Me de Benjamin Earl Nelson (1936-2015). La 1re Rencontre de musique andalouse de style sanaâ a accueilli, depuis son ouverture le 2 octobre dernier, les associations El Djennadia de Boufarik, El Kaïssaria de Cherchell, Ibnou Badja de Mostaganem ainsi qu'El Djazira et Manzah Anadil El Djazaïr d'Alger.