Le dossier Tliba est appelé à évoluer rapidement, à en croire les éléments qui se sont mis en place depuis l'annonce de son arrestation. L'étape imminente consiste en la programmation d'une confrontation entre l'ancien député et le fils de Djamel Ould Abbès. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Incarcéré depuis juin dernier à la prison de Koléa, ce dernier sera transféré, dans les toutes prochaines heures, au pénitencier d'El-Harrach, a-t-on appris hier de source proche de l'affaire. Cette décision a été prise par le juge, dans le but de le rapprocher du tribunal de Sidi-M'hamed où se déroulera l'instruction des deux dossiers (ceux de Tliba et de Mehdi Ould Abbès) intimement liés. Ce sera aussi une manière, nous dit-on encore, de pouvoir écouter le prévenu autant de fois que nécessaire, à travers des démarches pratiques et rapides. A ce jour, le traitement de l'affaire du fils de l'ancien secrétaire général du FLN n'a pas évolué rapidement. Elle était étroitement rattachée à Tliba, un cas très sensible dans la mesure où ce dernier s'était arrangé pour éloigner sa personne de tout danger de se voir impliqué dans une enquête liée à la corruption. De plein gré, ce dernier a accepté de contribuer à tendre un piège à Mehdi Ould Abbès qui avait fait part, avant de se faire prendre, de l'existence d'une vieille rivalité entre les deux hommes. L'histoire est connue. Tliba a demandé au fils Ould Abbès de lui fournir un véhicule de luxe et ce dernier reçoit la somme fixée (2,5 milliards) avec un supplément non prévu de 200 000 euros. Mehdi se fait arrêter sur-le-champ, placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison de Koléa. Tliba est alors loin de se douter que le piège auquel il a contribué se referme lentement sur lui. L'instruction ouverte dans l'affaire des magouilles opérées durant les législatives de 2017 le contraint à se présenter au niveau des brigades des services de sécurité spécialisées dans la lutte contre la corruption et à témoigner sur les faits en question. L'ex-député ne s'y dérobe pas, mais semble ignorer toujours que son témoignage devra inévitablement être transmis au juge qui instruit l'affaire au niveau du tribunal de Sidi-M'hamed. Contre toute attente, il apprend, trois mois plus tard, en septembre, qu'une demande de levée de son immunité parlementaire avait été introduite par le ministre de la Justice. La suite est, encore une fois, connue. Tliba rejoint finalement la prison d'El-Harrach où se trouve également incarcéré Djamel Ould Abbès, pour des faits sans rapport avec cette affaire. L'ancien ministre et secrétaire général du FLN a, de son côté, toujours confié à de proches personnes qu'il se démarquait totalement des agissements reprochés à ses deux fils dans cette sombre histoire de vente de places à la députation sur les listes du parti qu'il dirigeait. Tliba demeure cependant l'homme qui a vendu son fils. La première nuit de son incarcération (jeudi) il rencontre Djamel Ould Abbès, le salue poliment et prend de ses nouvelles, nous apprennent des sources bien au fait de la situation. L'ancien ministre, en attente de la programmation d'un nouveau passage devant le juge d'instruction pour présenter des preuves qui n'étaient pas en sa possession le jour de son incarcération, a été regroupé avec d'autres ministres qui ne sont plus éparpillés à travers différentes cellules, apprend-on encore. Les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que quinze autres membres du gouvernement ont été regroupés dans une salle située dans une aile retirée et peuvent, à présent, communiquer entre eux, nous dit-on. Pour des raisons de sécurité, plusieurs personnalités connues ont été également mises en détention dans des quartiers situés loin des salles où séjournent les détenus de droit commun. Samedi, Bahaeddine Tliba a été sorti de prison et déféré devant le juge d'instruction du tribunal de Sidi-M'hamed. Il en sortira à nouveau dans quelques jours pour une séance de confrontation avec Mehdi Ould Abbès. Ce dernier a été publiquement accusé par l'homme d'affaires annabi de lui avoir exigé la somme de sept milliards, en échange d'une place de député dans les rangs du FLN. Une affaire grave au sujet de laquelle les deux prévenus seront, entre autres, interrogés. Elle figure comme l'un des points centraux dans l'enquête qui se mène au sujet du financement occulte de partis politiques et de la campagne présidentielle pour lequel est poursuivi Tliba. A. C.