De Tunis, Mohamed Kattou Inconnu du peuple avant 2011, Kaïs Saïed, le nouveau Président tunisien, a fait ses premiers pas dans la politique après le départ de Zine El Abidine Ben Ali. C'était à l'occasion des « sit-in » organisés en février 2011 devant le siège du gouvernement par la jeunesse irritée de la manière dont a été exploitée la « révolution». Ce fut, ensuite, des apparitions épisodiques dans certains médias pour enrichir leurs débats en matière de droit constitutionnel. L'enseignant universitaire qu'il était n'avait pas l'ambition d'embrasser une carrière politique qui le propulserait au sommet de la pyramide. Son monde se limitait à sa Faculté de droit et à ses jeunes étudiants avec lesquels il entretenait des relations amicales. Ce sont, effectivement, ces jeunes touchés par sa probité qui ont décidé d'en faire un homme politique et de faire de leur idole un président de la République. La machine a démarré en 2015 donnant, quatre ans plus tard, un résultat inattendu, à savoir la propulsion de Kaïs Saïed à la magistrature suprême comme « Président pas comme les autres ». En effet, il ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs. Un air grave, une démarche bien à lui et, surtout, selon ceux qui le connaissent, un homme propre d'une modestie que partagent avec lui ses voisins de la populaire localité de Menihla, située à quelques kilomètres de la capitale. Cette modestie allait créer des problèmes de sécurité. Car le Président ne voulait pas loger au palais présidentiel de Carthage, exprimant le désir de rentrer chaque soir chez lui. D'ailleurs, sa première nuit de Président, après avoir prêté serment, il l'a passée chez lui pour siroter, le lendemain matin, son « cappuccino » dans son café habituel au milieu de ses voisins. De quoi affoler les services de sécurité. Il a fallu des réunions avec les hauts responsables pour le convaincre que sa place est à Carthage et nulle part ailleurs. Revenu à de meilleurs sentiments, il n'a pas résisté à la tentation de maintenir son rythme habituel sur le plan religieux. Comme tout citoyen lambda, il a accompli vendredi sa prière sans grande pompe. Il était au milieu des fidèles et non au premier rang. Ce sont autant d'habitudes qu'il lui faut oublier en portant la casquette de président de la République. M. K.