Les procès de 42 manifestants du mouvement populaire, dont 39 détenus et 3 sous contrôle judiciaire, se sont ouverts, hier lundi, au tribunal de Sidi-M'hamed, quadrillé par un important dispositif sécuritaire. La salle où les procès se sont déroulés était pleine comme un œuf, alors qu'à l'extérieur, se tenait un grand rassemblement de soutien. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le procès s'est ouvert dans une atmosphère lourde marquée par l'espoir des familles de voir enfin leurs fils libérés. Il se poursuivait encore en début de soirée. La défense des détenus a été assurée par un collectif de près de cent avocats, engagés pour la cause des manifestants incarcérés, dont la majorité est poursuivie pour port de l'emblème amazigh. La journée a commencé par le procès d'un groupe de sept détenus (Chatri Mouloud, Guerroudj Samir, Timsi Nacer, Ould Taleb Amine, Boudraâ Abderrahmane, Ouidir Khaled et Bibi Makhlouf) contre lesquels le procureur de la République a requis deux ans de prison ferme et une amende de 100 000 dinars. Le deuxième groupe à comparaître devant le juge est également composé de sept personnes, à savoir Amar Acherfouche, Arezki Chami, Hilal Yahiaoui, Abdelbasset Khebani, Mohand Ameziane Behloul, Nabil Bounouh et Kamel Boualouache. Puis suivra le procès du troisième groupe composé de Samira Messouci, Kichou Elhadi, Amokrane Challal et Mustapha Hocine Aouissi. Les avocats étaient optimistes quant au verdict attendu, à partir du moment où ils estiment que les dossiers sont vides et qu'aucune loi ne réprime le port du drapeau amazigh. « Après l'audience, nous pouvons dire que c'est un procès équitable. Les accusés, que nous considérons comme des otages, ont pu parler en toute liberté. La défense a pu faire passer son message, à savoir que nous voulons que ce procès soit un véritable examen pour la justice pour montrer à l'opinion publique que ce Hirak populaire a apporté la liberté pour la justice et pour le peuple », a lancé Me Djamel Benyoub. Il a souhaité que l'acquittement soit prononcé en faveur des détenus, appelant les juges à concrétiser leur demande d'indépendance de la justice à l'occasion de leur dernière grève. Pour sa part, Mostefa Bouchachi a lancé au juge qu'« il n'y aura pas d'indépendance de la justice sans l'indépendance de l'Algérie ». A l'extérieur fusaient les slogans des manifestants, mêlés aux youyous des femmes. Ces manifestants ont scandé des mots d'ordre appelant à la libération des détenus et rejetant l'élection présidentielle. Parmi les présents à ce rassemblement, l'on distinguait des artistes comme les chanteurs Brahim Tayeb et Amine Chibane et la chanteuse Amel Zen, ainsi que des hommes politiques et associatifs. Les forces de l'ordre sont intervenues dans l'après-midi pour disperser le rassemblement et un activiste de Bab-el-Oued, Mohamed Tadjadit, a été interpellé. K. A.