Sous l'autorité d'un intérimaire depuis un peu plus de six mois, ce n'est, finalement, que depuis jeudi que la Banque d'Algérie tient son gouverneur attitré. C'est par le biais d'un communiqué, le plus laconique qui soit, que cette nomination a été annoncée par la présidence de l'Etat. Le tout dernier quiproquo, entre la Banque d'Algérie et le ministre des Finances, au sujet de la note faisant part de l'obligation de justifier tout apport d'un montant au-delà des mille euros pour alimenter son compte en devises, serait-il l'ultime raison ayant contraint la présidence de l'Etat à mettre fin à l'intérim à la tête de la Banque d'Algérie ? Intérim, devrait-on le rappeler, assuré depuis le 20 avril dernier par l'ex-vice-gouverneur Ammar Hiouani, et ce, après plusieurs semaines d'incertitudes ayant succédé à la nomination, par le Président déchu, de Mohamed Loukal en qualité de ministre des Finances. Un vide qui, à ce moment, avait interpellé de nombreux observateurs spécialistes des questions économiques sur l'urgence de doter la Banque d'Algérie d'une autorité. Entre autres raisons, était évoquée la crainte que les réserves de change du pays soient soumises à une dilapidation de la part de parties pas très innocentes, qui avaient encore le bras long à l'époque et contre lesquelles pesaient de sérieux soupçons de vouloir faire fuir des capitaux plus ou moins bien acquis en procédant à des transferts. Une crainte à laquelle avait remédié le ministère des Finances, sans rassurer grand monde, en mettant en place un comité de veille et de suivi, chargé de l'évolution des transferts en devises vers l'étranger afin de renforcer la vigilance en matière de transactions financières avec le reste du monde. Une décision (la mise en place d'un comité de veille et de suivi) qui, de façon implicite, remettait en cause les attributions et l'autorité de la Banque d'Algérie. Depuis, même si personne ne pouvait se permettre de mettre en doute les compétences et l'honnêteté des cadres de la Banque d'Algérie, l'incertitude a régné surtout que sur le double plan monétaire et financier, on ne peut pas dire que l'état de la maison Algérie rassure. Ainsi, depuis jeudi, la Banque d'Algérie tient enfin son gouverneur, en la personne de Aymane Benabderrahmane. Une nomination qui intervient dans une conjoncture politico-économique extrêmement sensible. M. Azedine