Le malaise qui sévit au sein du monde de la justice ne s'est pas atténué. Hier, le Club des magistrats s'en est pris, une nouvelle fois, violemment, à Belkacem Zeghmati, au moment où des intermédiaires tentent de calmer les magistrats mécontents par les dernières décisions rendues par le Conseil supérieur de la magistrature. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ces derniers sont nombreux, 1 265, à attendre le feu vert des responsables du Syndicat national des magistrats (SNM) pour relancer des actions de protestation après les résultats de l'étude des recours déposés auprès du CSM. Ce chiffre (1 265) se rapporte au nombre de recours déboutés par la haute instance de justice chargée de se pencher sur les dossiers de toutes les personnes s'étant senties lésées par le dernier mouvement opéré par le ministre de la Justice. Les dossiers présentés s'étaient élevés au nombre de 1454 et seuls 189 d'entre eux ont obtenu gain de cause. Mécontent, le SNM a réagi très sévèrement en promettant, il y a une semaine, de recourir à des actions de protestation beaucoup plus dures que celles ayant été entreprises au lendemain de l'annonce du mouvement. Depuis, le SNM garde le silence. Dans les milieux bien informés, on soutient qu'il s'agit là d'une attitude dictée par la conjoncture sensible que traverse le pays. L'Algérie se trouve, en effet, à la veille d'une échéance cruciale, l'organisation du scrutin présidentiel présenté comme étant la seule issue à la crise actuelle, et dans laquelle les magistrats sont appelés à jouer un rôle primordial. Dans un récent message adressé aux magistrats, le procureur général du tribunal de Sidi-M'hamed a d'ailleurs insisté, à plusieurs reprises, sur l'évènement à venir, et appelé ses collègues à faire preuve de sagesse. Des sources bien au fait de la situation affirment que le même message a été adressé, il y a moins d'une semaine, par les parties qui ont fait office d'intermédiaires entre le ministère de la Justice et le Syndicat des magistrats afin que ceux-ci mettent fin à la grève déclenchée au début du mois de novembre dernier. Cette intervention a conduit à la mise en place d'un processus ayant abouti à un accord entre les deux parties après dix jours de grève dans la majorité des tribunaux des grandes villes du pays. Selon les informations en cours, les magistrats contestataires ont été instruits par le SNM de demeurer à leur poste, de poursuivre leur travail normalement et de rien entreprendre individuellement jusqu'à prochain ordre. D'autres parties laissent, enfin, entendre que de nouvelles tractations seraient actuellement en cours entre les deux parties pour tenter de trouver un terrain d'entente afin que la situation de calme perdure jusque après les élections. Le SNM a-t-il accepté de tempérer sa colère ? Celle du Club des magistrats a explosé hier. Dans un communiqué rendu public, ce dernier a sévèrement critiqué les dernières déclarations faites par le ministre de la Justice devant le Parlement. Zeghmati avait notamment remis en cause le rôle joué par les magistrats au cours des dernières décennies. Il avait également remis en cause la formation de ces derniers. Le Club des magistrats a déclaré qu'il était «inacceptable que des juges qui ont fait au minimum sept ans d'études supérieures soient critiqués de cette façon (…)» de même qu'il a imputé une «part de responsabilité dans la supervision des dernières promotions» au ministre de la Justice qui était, «jusqu'à il n'y a pas longtemps, enseignant à l'Ecole supérieure de la magistrature». A. C.