Le monde de la justice pourrait connaître de nouvelles perturbations, à en croire les dernières menaces proférées hier par le Syndicat national des magistrats (SNM) à l'encontre du ministère de la Justice. Abla Chérif – Alger (Le Soir) - Cette réaction intervient vingt-quatre heures après la publication d'un communiqué par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), indiquant que sur les 1 454 recours introduits par les magistrats concernés par le dernier mouvement, seuls 189 d'entre eux ont été approuvés par cette même instance. Le texte, rendu public dimanche dernier, indiquait également que l'examen de ces recours « s'est déroulé lors d'une réunion présidée par Belkacem Zeghmati mandaté par le chef de l'Etat (…) ces recours ont été soumis au bureau permanent qui les a étudiés au cas par cas». Hier, le SNM a réagi en accusant le CSM, «pour lequel le SNM s'est battu afin qu'il retrouve l'intégralité de ses prérogatives», d'avoir «trahi les magistrats en adoptant une position injustifiée légalement et moralement» et considère que «le communiqué du 25 novembre démontre la légèreté avec laquelle a été traitée la dernière crise». Le SNM s'en prend une nouvelle fois au dernier mouvement opéré par le ministre de la Justice, met l'accent sur «ses retombées sociales et professionnelles, et la légèreté dans le traitement des recours qui prouvent selon lui que le juge demeure l'otage des bandes et des manœuvres dans son parcours professionnel et sa situation sociale, avec une préméditation décidée dans des chambres fermées, loin des mécanismes juridiques et des outils de transparence». Le SNM s'en prend, ensuite, au ministre de la Justice qui, dit-il, «s'est dérobé des engagements pris pour la prise en charge des recours et a opté pour le fait accompli devant les membres du bureau permanent du CSM». Puis il menace : «Les jours et mois suivants éclaireront tout le monde sur ce qui s'est passé, car la boule de neige grossit et durcit et son prochain mouvement sera sévère. Le reste des revendications attend la concrétisation dans les brefs délais et les ajourner donnera lieu à une situation plus tendue qu'il sera difficile de gérer ou de contrôler.» Le Syndicat national des magistrats a, enfin, tenu à informer l'opinion de sa décision de déposer une «plainte officielle à l'encontre des commanditaires et exécutants» des évènements qui se sont déroulés le 3 novembre dernier au siège de la Cour d'Oran. Il avait été alors fait appel à la force publique pour évacuer les magistrats grévistes qui s'opposaient à l'installation des magistrats nouvellement nommés. Le ton du SNM tranche avec celui adopté le 5 novembre dernier au lendemain de l'accord surprise ayant mis fin à plus de dix jours de grève. Celui-ci semblait alors avoir tourné la page d'un épisode pourtant inédit dans les annales de la justice algérienne. A. C.