Une grande agitation régnait, hier dimanche, au sein du collectif chargé de la défense d'Ouyahia, Sellal et des ex-ministres de l'Industrie qui comparaîtront ce matin au tribunal de Sidi-M'hamed. Confrontés à un procès sans pareil dans l'histoire du pays, ces derniers ont tenté, jusqu'aux dernières heures de la journée, de mettre en place une stratégie à même de faire face aux nombreux problèmes qu'ils ont soulevés. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les avocats des deux anciens Premiers ministres et certains de leurs collègues constitués dans la défense des autres prévenus se sont d'ailleurs réunis au courant de la semaine écoulée pour faire le point après les déclarations faites devant le Sénat par le ministre de la Justice. Belkacem Zeghmati avait, alors, officiellement dévoilé la date du procès en question et révélé que des informations «choquantes» basées sur les conclusions des enquêteurs allaient ainsi être livrées à l'opinion. Zeghmati a qualifié de «dossiers scandaleux» les affaires pour lesquelles comparaissent ces anciens hauts responsables mais aussi des hommes d'affaires et cadres inculpés pour les mêmes raisons et indiqué que les véritables dessous de la corruption seront connus à partir du 2 décembre. Ces déclarations ont fortement déplu au collectif de défense qui y a décelé une «tentative d'orienter le procès avant même qu'il ne se tienne». «C'est comme si on allait se rendre dans une arène où les rapports de force sont fixés d'avance», déclare l'un des avocats de Ahmed Ouyahia : «Laissons la justice juger cette affaire dans des conditions sereines.» Selon des avocats concernés par cette situation, les propos du ministre de la Justice ont accentué la grande tension qui règne déjà au sein du collectif en raison de la nature même de ce procès. «La logique, nous dit-on, voudrait qu'on adopte une stratégie commune dans l'intérêt des clients que nous défendons, mais la diversité des dossiers et les divergences d'intérêt (des prévenus) ont retardé les décisions à prendre.» A ces faits s'ajoute une question qualifiée de «centrale», celle du choix du tribunal devant lequel doivent être jugés les prévenus. Pour ces avocats, un tel procès doit nécessairement se tenir devant la Haute Cour de justice, seule instance, insistent-ils, habilitée à juger des Premiers ministres. L'une des premières stratégies définie s'orientait vers la demande du report pour incompétence du tribunal, mais «la donne a changé depuis les dernières déclarations du ministre de la Justice car elles excluent toute possibilité de report de l'affaire», explique encore la défense. Selon les données en notre possession, une nouvelle réunion du collectif avait été programmée hier, en fin de matinée. En raison des activités chargées des avocats, elle s'est tenue quelques heures plus tard. Elle a laissé filtrer une information livrée au conditionnel : les avocats de Ahmed Ouyahia et de Abdelmalek Sellal auraient pris la décision de boycotter carrément l'audition pour marquer leur désapprobation avec les conditions dans lesquelles se tiendra ce procès. Cette action, apprend-on, n'aura aucune conséquence sur le déroulement du jugement. «Il sera simplement pris acte de leur retrait», nous dit-on. Des avocats chargés de la défense de Youcef Yousfi, un autre ministre devant comparaître aujourd'hui n'avaient pas encore pris de décision définitive. La séance s'annonce houleuse aujourd'hui au tribunal de Sidi-M'hamed. A. C.