De Paris, Omar Haddadou Faut-il, à l'instar de la politique accommodant les cumuls des mandats, repenser les dispositions régissant l'attribution des distinctions dans la sphère du football ? Répondre par l'affirmative nous amènerait à aller titiller un mythe. La tradition ayant franchi le Rubicon, je me permets, au lendemain de l'attribution du Ballon d'Or 2019, cet inconvenant et foncièrement ingénu grain de sel. Malvenu, il le sera, à coup sûr, car il remet en cause l'inscription dans la durée, la gratification, en soulignant qu'une performance, fût-elle coruscante et constante - affichée par le même athlète - ne saurait justifier le caractère ascendant continuel, en matière de reconnaissance. Les temps et les institutions changeant dans l'optique égalitaire et équitable, les distinctions devraient, elles aussi, subir quelques aménagements. Oui Lionel Messi est au-dessus du lot. Le génie argentin rayonne et continue d'exceller dans sa discipline, nous laissant, à chaque fois, bouche bée, par la pureté et la qualité de ses dribbles dans un mouchoir de poche. Sa vélocité, son talent sont déroutants. Sa capacité à faire la différence en inscrivant 36 buts la saison dernière en Liga lui a permis de s'adjuger le Soulier d'Or. Amis (e) lecteurs (trices), admirer Messi peut être passible d'une peine pour complicité. Pourquoi ? Parce qu'il plie les matchs en ridiculisant l'adversaire ; rafle les prix à tour de bras jusqu'à l'écœurement. Il y a comme une espèce de douce injustice. Tout lui réussit à cet extraterrestre du ballon rond qui, pendant la cérémonie France Football, ne s'est point offusqué de sa pointe : «Je m'amuse», sous le regard envieux et amusé de Mbappé, qui s'est empressé à lui tresser des lauriers dans l'unique dessein d'ulcérer le rival Cristiano Ronaldo. Messi n'a cure d'une telle hâblerie, lui qui vient de se coiffer d'une 10e couronne de champion d'Espagne, honoré de la distinction du joueur le plus titré de l'histoire du Barça, en quête de la Ligue des champions. Au théâtre du Chatelet, à Paris, aucun joueur n'est venu faire de l'ombre à ce petit bonhomme au parcours phénoménal. Ni Virgil Van Dijk, ni Mohamed Salah, ni Sadio Mané. Mais, le 6ème Sacre lui revenant de plein droit, cela ne m'empêche pas de consigner la saillie tranchante de ma petite Yasmine, passionnée du foot et des Fennecs, en particulier, la veille de la cérémonie de la remise du précieux trophée : «Oh, c'est toujours les mêmes, Messi-Ronaldo !» Pour ce bout d'chou, l'histoire d'attribution du Ballon d'Or est aujourd'hui frappée de l'estampille de lassitude, du déjà-vu, de l'éternel recommencement. Un remake éculé qui ne fait plus recette, tellement c'est plié d'avance. La Fifa lui fait-elle admettre le postulat : «On ne change pas une équipe qui gagne ?» en réactivant le baromètre d'appréciation qualitatif et quantitatif, quitte à rééditer l'insigne gratitude. Si l'on exclut Luka Modric en 2018, la récompense obéissait jusqu'alors à une alternance entre les deux ténors : du Barça et de la Juventus. Certes, ils répondent aux critères d'éligibilité et au vote comme expression démocratique. Mais cela ne justifie aucunement le maintien et la validation d'une vraie «monopolisation».Trouver un juste équilibre excluant l'équation du mérite abusé, quel que soit le pré-requis, telle est la cohérence recherchée aujourd'hui. Une domination excessive a toutes les chances de s'étioler, se dissoudre dans le ferment de la banalité. Le spectacle et l'ingéniosité de Lionel Messi ne changeront certes pas. Mais le regard et l'intérêt de Yasmine, si. O. H.