De Tunis, Mohamed Kettou Habib Jemli, le chef du gouvernement désigné, a été incapable de former son équipe dans les délais impartis par la Constitution, soit le 15 décembre. Aussi, a-t-il recouru à une prolongation lors de l'audience que lui a accordée, jeudi, le Président Kaïs Saïed. Depuis le 15 novembre dernier, date de sa désignation par le chef de l'Etat sur proposition du parti islamiste, majoritaire au Parlement, Habib Jemli a multiplié les contacts avec les divers partis politiques et a élargi ses consultations aux représentants des organisations nationales et de la société civile sans oublier d'autres figures politiques de l'ère de feu Zine El-Abidine Ben Ali. Cet ajournement de l'annonce de la liste du gouvernement est diversement perçu par les partis politiques, les médias et même la rue qui s'en inquiète en raison de la dégradation de la vie quotidienne des citoyens. Certains y voient l'incapacité du chef du gouvernement désigné à réunir les conditions favorables en raison des divergences criantes entre les personnes consultées alors que d'autres, soutenant Habib Jemli, y voient une sagesse de ce dernier qui préfère patienter que former un gouvernement qui serait rejeté par le Parlement. M. Jemli, que de nombreuses personnes et de nombreux partis politiques soupçonnent de rouler pour le parti islamiste Ennahdha qui l'a choisi parmi tant d'autres personnalités pour former le gouvernement, ne cesse de répéter qu'il est indépendant et qu'il n'hésite pas à dire «non» à tous les partis y compris Ennahdha. Cependant, comment explique-t-il ce retard dans la formation du gouvernement ? Pour lui, le mois qui vient de s'écouler lui a offert l'occasion de mettre au point les mécanismes nécessaires au fonctionnement «d'un gouvernement de tous les Tunisiens». Aussi, insiste-t-il sur un profil idéal dont doivent se prévaloir les futurs ministres. Ceux-ci, dit-il, doivent être compétents, intègres, ayant une vie stratégique et les capacités requises pour diriger leurs départements dont ils seront chargés. M. K.