C'est un bout de femme au grand cœur qui demeure toujours au centre des préoccupations des jeunes et des femmes qui vivent en difficulté. Le regard de l'artiste Djamila Ababsia demeure orienté vers ces êtres vulnérables. «Hommage à ma mère», tel est le thème de son exposition qui s'achève le 19 mars au niveau de la bibliothèque urbaine de Tipasa, située à proximité du lycée et de la radio locale de Tipasa. Une quarantaine de toiles sont «achalandées» dans la salle de lecture. Djamila Ababsia, épouse de Djamakebir, traduit ses révoltes à travers son pinceau. Son style camaïeu se veut d'abord un porte-parole de ces enfants et de ces femmes qui vivent dans le malheur. Djamila, précisons-le, est la directrice de l'école primaire El-Ghazali à El Mouradia (Alger). Emotive, choquée par les souffrances des femmes et des enfants, de surcroît timide, Djamila Ababsia met en exergue des couleurs sombres et dégradées pour dénoncer l'esclavage des enfants et la violence envers les femmes qui se retrouvent à la rue, pour mettre à nu l'hypocrisie et le silence des couples. Les visiteurs, qui se rendent à cette exposition, ne seront nullement indifférents envers ses toiles exposées, des silhouettes aux formes berbères, pharaoniques et africaines se dégagent de ses œuvres. Ils doivent piocher dans leurs têtes pour interpréter les multiples formes reflétées dans ses toiles. «Des signes qui reviennent systématiquement», nous dit-elle. «Sincèrement, ce n'est pas prémédité de ma part, ajoute-t-elle, peut-être que mes sujets sont tabous et ne plaisent pas à tout le monde.» Elle relate l'amère réalité dans ses couleurs qui changent insensiblement vers les couleurs moins joyeuses qui sont produites sur ses œuvres. Le rêve, la survivance, la nostalgie brisée, le mensonge, l'évasion, la patience, le chagrin, le sanglot, l'amour, la séparation, la jalousie, l'apocalypse, la manipulation, l'inquiétude et la quête de l'identité sont les quelques thèmes des toiles exposées. Chacune de ses œuvres est l'histoire réelle d'un enfant ou d'une femme que l'artiste peintre tente d'expliquer à ses visiteurs. «C'est quand je me retrouve dans tous mes états, après avoir vu ou assisté à des scènes de misère sociale et de violence envers mes compatriotes, que je me mets à dessiner», nous confie-t-elle. Parallèlement à son art, Djamila Ababsia, directrice de l'école, organise des séances de peinture en plein air pour ses écoliers, une manière pour elle de perpétuer l'amour envers la peinture, afin de permettre l'expression civilisée de ses idées et de son regard sur la société.