Trois jours après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, le silence du Mouvement pour la société de la paix (MSP) devenait assourdissant. Le parti n'avait toujours pas réagi à l'annonce des résultats. Ce n'est que dimanche que la formation de Abderrezak Makri a réuni son bureau exécutif pour rendre public, le lendemain, un communiqué. Le parti y note que les élections se sont déroulées dans des conditions difficiles et ont exacerbé les clivages, menaçant la «cohésion sociale». Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Ni communiqué officiel, ni réaction sur les réseaux sociaux. Le parti de Abderrezak Makri observait jusqu'à hier le silence. Très prompt à réagir sur son compte Facebook, le président du MSP est resté bien silencieux au lendemain de l'élection présidentielle. Ni les conditions dans lesquelles s'est tenu le rendez-vous électoral ni les résultats annoncés ne l'ont fait sortir de son mutisme. Ses instances n'ont fait aucun commentaire non plus. Ce n'est que dimanche qu'était programmée une réunion du bureau exécutif du parti avec à l'ordre du jour l'élection présidentielle. Il aura fallu attendre hier pour que le communiqué soit enfin rendu public. Le parti qualifie de «sensibles» et de «difficiles» les conditions dans lesquelles les élections ont eu lieu. Le rendez-vous électoral, selon le MSP, a élargi le fossé entre pro et anti-élections, «mettant en danger la cohésion et l'unité du peuple». Les membres du bureau exécutif considèrent que le temps leur avait donné raison en optant pour le boycott. Le parti ne compte néanmoins pas rester en marge des événements à venir puisqu'il propose des solutions et appelle à un dialogue «sérieux» et «transparent». Le parti dit avoir pris acte du contenu du discours de Tebboune, le qualifiant d'«unificateur» et en mesure d'ouvrir «l'horizon pour un dialogue et un consensus». Il avertit, néanmoins, qu'il préfère temporiser avant de juger de sa bonne foi. La formation de Makri se dit toujours convaincue de l'utilité d'une «initiative de consensus national» qu'elle avait lancée mais se dit prête à adhérer à toute initiative venant d'une partie «officielle» ou émanant de la société. Une réaction qui intervient alors que le parti assiste à l'arrivée d'un de ses anciens militants en seconde position aux élections. Fort de ce classement, Abdelkader Bengrina se proclame ni plus ni moins première force politique du pays avec son mouvement El Binaa. Une affirmation qui n'est certainement pas du goût du MSP qui se pose en leader incontesté de la mouvance islamiste. Son premier responsable n'a, cependant, pas pu mettre sa popularité à l'épreuve de l'urne puisque le parti avait pris la décision de boycotter les élections. Une décision prise en raison des conditions politiques que le parti considérait comme non réunies. En optant pour le boycott, le parti a également fait le choix logique de ne soutenir aucun des candidats, fût-il celui appartenant à la même mouvance. Pas plus tard que le 8 décembre dernier, le parti rappelait dans un communiqué que conformément aux décisions du conseil consultatif, le parti n'avait apporté son soutien pour aucun des candidats. C'est pour un boycott passif que le parti a finalement opté puisque tout au long des trois semaines de campagne, il s'est abstenu même de faire la promotion du choix sur lequel ses institutions étaient arrivées à un consensus. Les prises de parole de son président se sont fait rares. Il a maintenu une activité organique ordinaire avec des réunions du secrétariat national dédiée aux femmes et aux affaires de la famille, puis une autre rencontre avec les bureaux exécutifs et présidents des madjliss echoura des wilayas sans que ces activités internes ne soient sanctionnées par des communiqués traitant de l'actualité politique. Un retrait tactique qui ne saurait certainement durer puisque la conjoncture politique amènera le parti à un positionnement inévitable sur des questions stratégiques. N. I.