Abdelmadjid Tebboune a prêté serment jeudi. Une cérémonie au cours de laquelle il a prononcé un discours-programme traçant les contours de ce que sera son mandat. Il a réitéré son appel à «tourner la page» pour la construction de la «nouvelle République». Pour se démarquer clairement de son prédécesseur, le Président appelle à la suppression du vocable «excellence». Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Le Palais des Nations avait rendez-vous jeudi avec la cérémonie de prestation de serment. Abdelmadjid Tebboune, proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel, y a prêté serment, la main droite posée sur le Coran, devant un parterre de personnalités nationales, les quatre candidats malheureux au dernier scrutin et des représentants du corps diplomatique. Le président de la Cour suprême s'est chargé de réciter le serment que le Président a répété, conformément à l'article 89 de la Constitution. Il a rendu un hommage appuyé à Abdelkader Bensalah qui lui a remis le flambeau hier, visiblement soulagé de ne plus avoir à assumer une responsabilité pour laquelle, dit-il, il n'était pas «préparé». Aussitôt, c'est un discours-programme qu'il prononcera, s'adressant aux Algériens, les qualifiant de «fils et petits-fils des chouhada» et de «nationalistes». Pour prendre ses distances avec le règne de son prédécesseur, Tebboune a demandé à ce que le terme galvaudé d'«excellence» soit banni du langage. La «nouvelle République» qu'il s'engage à bâtir reposera sur une réforme multisectorielle qu'il promet tout en tendant la main au mouvement populaire à qui il promet de concrétiser ses revendications «dans le cadre des lois de la République et du consensus national» pour, dit-il «tourner la page des différends et des conflits». Pour Abdelmadjid Tebboune, un changement «radical» du mode de gouvernance sera opéré en faveur d'une plus grande justice sociale et de respect des droits de l'Homme. Pour y arriver, il demande à ce que la situation politique actuelle soit rapidement «dépassée» pour que des chantiers puissent être ouverts. Le premier sera celui de la révision de la Constitution. Cette dernière pourrait intervenir «dans les semaines à venir». Les contours de cette révision répondront aux aspirations du Hirak, selon Abdelmadjid Tebboune qui promet la limitation des mandats présidentiels à un seul mandat renouvelable, tout en réduisant les prérogatives du président de la République pour sortir, dit-il, de l'hyper-présidence. Il plaide pour un plus grand équilibre entre les différents pouvoirs, la limitation de l'immunité qui ne pourra être accordée aux personnes impliquées dans des affaires de corruption, mais également un plus grand respect du droit à l'information, des droits de l'Homme et celui de manifester. Second chantier qu'il compte ouvrir, la révision de la loi électorale avec, pour objectifs, de réhabiliter les élus et les assemblées en séparant clairement la politique de l'argent, mais également de permettre aux plus jeunes, les universitaires notamment, de pouvoir briguer des mandats tout en comptant sur l'aide de l'Etat pour le financement de leur campagne électorale afin, dit-il, de les mettre à l'abri de l'argent sale. En matière de politique étrangère, Abdelmadjid Tebboune a esquissé les contours de ses priorités, rappelant que l'ingérence dans les affaires d'autrui et le rejet de toute ingérence dans les affaires internes de l'Algérie étaient deux principes immuables, promettant une politique de bon voisinage et affirmant que le dossier du Sahara Occidental était un dossier déjà pris en charge dans le cadre de l'ONU et de l'Union africaine et ne devait pas empoisonner les rapports de l'Algérie avec son voisin marocain. Aussitôt son discours achevé, Abdelmadjid Tebboune a quitté le Palais des Nations, direction la présidence de la République. N. I.