Emmanuel Macron et son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi ont visité, mardi 8 avril, la plate-forme humanitaire du Croissant-Rouge, en banlieue de la cité portuaire d'El-Arich. Les cargaisons s'entassent tout autour d'eux, pour cause de blocus humanitaire imposé par Israël depuis le 2 mars, avant même la reprise des affrontements dans l'enclave palestinienne. Certaines vont périr sur place, loin des populations auxquelles elles sont censées porter secours. «La situation aujourd'hui est intenable et elle n'a jamais été aussi grave », juge le président français à propos de la bande de Gaza, avant d'appeler «à une reprise le plus rapidement possible de la distribution de l'aide humanitaire », « la priorité des priorités », dit-il, non sans plaider pour un nouveau cessez-le-feu, de quarante à cinquante jours. Selon les autorités de l'enclave, quelque 1 400 civils ont été tués depuis la fin de la trêve, et plus de 50 000 au total depuis le début du conflit. Cette rare visite d'un chef d'Etat européen à proximité de Ghaza en compagnie du président égyptien intervient au lendemain d'une réunion avec le roi Abdallah II de Jordanie au Caire. Au même moment, le préside des USA recevait Netanyahou à la Maison- blanche. Selon le président français, approvisionner l'enclave palestinienne en biens essentiels est « la priorité des priorités », a rappelé le chef de l'Etat dans la ville portuaire d'El-Arich, en Egypte, où les stocks s'entassent. L'Etat hébreu, qui assure un blocus total de l'aide d'urgence, a évoqué l'idée de confier la distribution à ses forces armées. L'Onu dénonce une situation plus grave contre un peuple isolé Par ailleurs et de sont côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a dénoncé la situation à Ghaza, qualifiant l'enclave palestinienne de «champ de mort», en raison du blocus par Israël de l'aide humanitaire. Une accusation rejetée par le gouvernement israélien, qui affirme qu'il n'y a «pas de pénurie» d'aide, alors que l'Etat sioniste a fermé toutes les issus et les cheminements pour que l'aide humanitaire qui arrive au peuple ghazaoui. «Depuis plus d'un mois, pas la moindre goutte d'aide n'est entrée dans Gaza. Pas de nourriture, pas de carburant, pas de médicaments, pas de biens commerciaux. Alors que l'aide se tarit, les vannes de l'horreur se sont rouvertes», a déclaré Antonio Guterres à la presse en s'en prenant directement à Israël. «Gaza est un champ de mort et les civils sont piégés dans une boucle sans fin de mort.» Le secrétaire général de l'ONU avait par avance rejeté l'affirmation de présence d'aide à Gaza, déjà mise en avant par les autorités israéliennes, rappelant le pays à ses obligations. «En tant que puissance occupante, Israël a des obligations sans équivoque en vertu du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit international sur les droits humains». «Je dois être clair. Nous ne participerons pas à un quelconque système qui ne respecte pas pleinement les principes humanitaires : humanité, impartialité, indépendance et neutralité», réclamant la garantie de l'accès «sans entrave» de l'aide. «Le risque que la Cisjordanie se transforme en un autre Ghaza rend la situation encore pire, avec le blocus de l'Etat sioniste». «Il est grand temps de mettre un terme à la déshumanisation, et de protéger les civils, de libérer les otages, de garantir l'aide vitale et de renouveler le cessez-le-feu». Ces déclarations font référence à des propositions faites ces derniers jours par les autorités israéliennes, qui ont indiqué à l'ONU vouloir renforcer leur contrôle sur l'aide, y compris un comptage des calories qui entrent pour empêcher son appropriation par le Hamas. «Les nouveaux mécanismes d'autorisation proposés par Israël pour la fourniture de l'aide menacent de contrôler et de limiter durement l'aide, jusqu'à la dernière calorie et au dernier grain de farine.»