La relance de la machine économique, résultant notamment de la chute des cours des hydrocarbures en 2014, constitue l'une des priorités du Président Abdelmadjid Tebboune qui, en choisissant de visiter la Foire de la production nationale (FPA) pour sa première sortie, a donné un signe fort, de l'avis du professeur en économie, Mohamed-Cherif Benmihoub. Précisant que le défi majeur du nouvel élu est celui de relancer l'économie nationale car le modèle économique actuel a produit plus d'effets pervers que de richesses, M. Benmihoub, qui s'exprimait hier à l'émission «L'Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, a estimé qu'il était temps de rompre avec le modèle en place. Jugeant que les diagnostics par rapport à cette situation ont été bien faits, l'invité relève, néanmoins, que les politiques de sortie de crise ont fait défaut, en raison, explique-t-il, des rigidités institutionnelles, politiques et sociales et «ce n'est pas facile de mettre en place des réformes assez solides», a-t-il poursuivi. Selon lui, le Président élu doit affronter cette situation et canaliser les énergies disponibles au niveau du pays «par des messages très forts» pour reconstruire la confiance entre l'Etat et les opérateurs économiques, d'une part, et pratiquer une gouvernance participative basée sur plus de concertation, plus d'évaluation et ignorant «l'autoritarisme». L'économie algérienne qui était peu compétitive, peu diversifiée, dépendante des hydrocarbures, doit se relever et pour réussir un tel pari, l'orateur préconise d'instituer une vision, des pôles de stabilité et dans l'immédiat «une administration économique puissante stable». La réforme de l'administration n'a jamais eu lieu en Algérie selon l'intervenant qui ajoutera : «Il faut repenser fondamentalement la politique industrielle, le tout précédé par une réforme de la gouvernance politique, en d'autres termes, celle du partage du pouvoir et des contre-pouvoirs.» Poursuivant ses explications, l'économiste évoque les prérogatives du Conseil national économique et social (Cnes) qui reste «une tribune de discussion et d'aide à la décision», de même que celle de la Cour des comptes, ayant mission d'évaluer les politiques publiques et dont il relève qu'elle n'a pas joué son rôle de contrôle de la gestion de la dépense publique. La nécessité donc de relancer ces institutions doit impérativement suivre au même titre que celle d'un système d'information économique qui fait toujours défaut. Selon M. Benmihoub, il y a une «faille» dans le système d'information économique, amenant des opérateurs à prendre des décisions sur la base de conjectures et d'hypothèses «non fondées», d'où la nécessité de le réorganiser afin d'en faire un instrument efficace et rationnel. Répondant à une question relative à ce qui pourrait booster l'économie nationale actuellement, l'économiste estime que les leviers de croissance doivent introduire les secteurs innovants et le numérique. Ilhem Tir