La Confédération des syndicats algériens (CSA) réaffirme sa disposition à ouvrir un débat inclusif avec le gouvernement. Ses représentants estiment aujourd'hui que le dialogue est «nécessaire» si, toutefois, on veut régler une crise qui, même dans un contexte ponctué par une certaine évolution de la donne sociopolitique, n'est pas encore tout à fait réglée, dès lors qu'une partie de la population est encore dans la rue. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - «Les solutions se construisent autour d'une table de dialogue et dans un climat apaisé», dira à priori, Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, lors de son passage, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3. Ce dernier assure même avoir décelé chez les citoyens «une volonté d'entamer les discussions mais dans la sérénité». Maintenant, poursuit-il, il faut naturellement qu'il y ait une «sincérité politique quant à l'ouverture d'un débat sérieux», incluant toutes les composantes de la société, et pouvant déboucher sur un compromis. Lyès Merabet estime que «les mesures d'apaisement» dont la libération de plusieurs détenus d'opinions du Hirak, peuvent être perçues comme une première étape de franchie dans le processus du règlement de cette crise. A condition, souligne-t-il, que ce genre d'initiatives soit maintenu. Chose qui engendrera, selon lui, «ce climat de confiance et d'apaisement». Mais encore, poursuit le président du Snpsp, dans l'attente de la libération du reste des prisonniers politiques, il faut parallèlement «lever les contraintes qui subsistent dans le champ médiatique». Et ce, dans le but d'avoir des visions croisées sur l'actualité politique et sociale ,et d'en extraire les concordances, le tout dans un cadre de débat «construit et responsable». Car, explique-t-il, les défaillances constatées dans plusieurs secteurs d'activités découlent pratiquement toutes de la fameuse «question politique». Dans ce registre, Lyès Merabet juge ,en sa qualité de syndicaliste, qu'il est temps de redéfinir le rôle de la société civile et de lui accorder une certaine liberté de mouvement, chose dont elle n'a jamais bénéficié auparavant. «L'ancien système a, malheureusement, limité notre champ d'action», a-t-il regretté, en avançant qu'avec l'apparition du Hirak, celle-ci s'est projetée dans un espace qui a longtemps été monopolisé par «des opportunistes, des affairistes, et même par certains partis politiques». Dans ce sens, Lyès Merabet fera remarquer qu'en attendant, la Confédération des syndicats algériens, dont il vient de céder les commandes à son nouveau coordinateur Meziane Meriane, président du Snapest, n'est «toujours pas reconnue par l'Etat». «Il tient à rappeler que le dossier a été soumis en novembre 2018 au ministère du Travail, mais aucun retour favorable n'est signalé à ce jour». Aujourd'hui, Il espère que l'amendement de la Constitution accompagnera «cette pluralité syndicale et renforcera à travers de nouvelles lois, la protection du travail des syndicats». Il est grand temps, d'après lui, de réattribuer à la société civile sa vraie mission, en la laissant «accomplir pleinement les activités qui lui sont propres». Il conviendra cependant que par la force des choses, le Hirak a permis à la CSA d'initier des actions politiques sur le terrain. Il a évoqué à ce titre, la reconfiguration de la classe politique après les difficultés de cette dernière à être crédible. Il a ainsi considéré qu'il ne faut surtout pas qu'il y ait d'interférences entre le travail des politiques et celui des syndicalistes, argumentant : «Chacun avance selon son rôle». Il n'a cependant pas manqué de parler d'une «faillite avérée des partis politiques», induite par une logique d'alliance, des oppositions de façade ou encore d'une «complicité avec un système véreux». Par ailleurs, Lyès Merabet estime que la société civile doit, de son côté, s'organiser et se restructurer. Le président du Snpsp a enfin souligné l'importance de mener de réelles réformes au sein de la Fonction publique. «Celles-ci se traduiront par une prise en charge de chaque secteur selon ses propres spécificités». M. Z.