Titanesque Zlatan. Malgré le poids des ans et des pépins physiques, Ibrahimovic a pris l'AC Milan sur ses larges épaules et a transformé une équipe sans personnalité en un groupe qui se sent capable de piéger l'Inter aujourd'hui (20h45) lors d'un brûlant derby de Milan. Quand il est arrivé findécembre en Lombardie pour cette deuxième expérience après celle de 2010-2012, Ibrahimovic avait rejoint une équipe 11e du classement et qui sortait tout juste d'une humiliante défaite 5-0 contre l'Atalanta Bergame. Depuis, le Milan n'a plus perdu une seule fois en cinq matchs et est remonté à la 8e place, ce qui laisse en vie ses espoirs de qualification européenne. Avec lui sur le terrain, Milan n'a perdu des points qu'une fois, lors du 0-0 concédé à la Sampdoria Gênes le jour de ses débuts, un match dont il n'a joué que la dernière demi-heure. Et avec «Ibra» titulaire, le club rossonero a fait le plein : victoires contre Cagliari, l'Udinese et Brescia. Le Suédois n'a pourtant marqué que deux buts, un en Serie A et un en Coupe, il a gâché des occasions faciles et l'on a vu par moments que ses deux mois d'inactivité après son départ de Los Angeles ne pouvaient pas s'effacer d'un claquement de doigts, surtout à son âge. Mais c'est en son absence, la semaine dernière face au Hellas Vérone, qu'on a le mieux compris l'importance prise par le géant en quelques semaines à peine. Valeur ajoutée Enrhumé et gêné par un mollet douloureux, l'ancien Parisien a laissé ses équipiers se débrouiller sans lui et on les a retrouvés comme on les avait connus avant son arrivée: timorés, inquiets et finalement incapables de s'imposer (1-1). «No Ibra, no party», a titré le lendemain la Gazzetta dello Sport, entérinant l'évidence d'une «Ibradépendance » que l'entraîneur Stefano Pioli n'a même pas essayé de contester. «Je ne m'en suis jamais caché. Ibra est une valeur ajoutée, par sa qualité et par la peur qu'il provoque chez l'adversaire», a déclaré le technicien italien. Lui aussi pourtant est parfois écrasé par le poids du Suédois, que l'on a vu beaucoup s'agiter en bord de touche avant son entrée en jeu en Coupe contre le Torino, replaçant ses jeunes équipiers et leur indiquant les bons mouvements. La scène a marqué, au point que la Gazzetta en a plaisanté à l'annonce du forfait d'Ibrahimovic contre le Hellas. «Ibra absent à Vérone, Stefano Pioli redevient entraîneur du Milan». Au bout du compte, alors que les observateurs étaient partagés sur l'opportunité du retour de la vieille gloire, le premier mois milanais d'Ibrahimovic est un succès et il est incontestable qu'il a transfiguré un groupe psychologiquement fragile. Collés au mur Avec son arrivée, les cartes ont été rebattues et certains leaders défaillants ont été écartés, comme Suso, transféré à Séville, ou Piatek, expédié à Berlin. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'un seul leader dans le vestiaire, Ibrahimovic, totem autour duquel se sont épanouis des joueurs comme Castillejo, Rebic ou Rafael Leao, tous en retrait lors de la première partie de saison. «Il est le berger qui guide son troupeau», a résumé Fabio Capello, ancien joueur et entraîneur du Milan. Adriano Galliani, le n°2 du club lombard des années Berlusconi, use de son côté d'images moins bucoliques pour expliquer l'importance du Suédois dans le vestiaire. «Je me souviens de sa façon de coller ses coéquipiers au mur quand ils ne s'entraînaient pas avec suffisamment d'intensité. Je ne pense pas qu'il ait perdu cette bonne habitude», a-t-il raconté. «Je pleure encore son départ», a ajouté celui qui en 2012 avait dû céder Ibra et Thiago Silva au Paris SG pour remettre les comptes milanais à peu près à flots. Deux ans plus tôt, l'AC Milan avait remporté pour la dernière fois un derby en tant qu'équipe visiteuse. 1-0, but d'Ibrahimovic.