Les grands axes du plan d'action du gouvernement présenté hier mardi, par le Premier ministre Abdelaziz Djerad en séance plénière devant l'Assemblée populaire nationale (APN), ont fait l'objet d'un accueil plutôt mitigé par les différents parlementaires. D'aucuns ont émis leurs réserves quant à l'accomplissement de ce programme dans un contexte marqué par une crise économique et politique des plus préoccupantes. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Les députés représentant différents partis politiques se sont ainsi succédé au parloir de l'hémicycle pour évaluer le plan d'action du gouvernement Djerad, relevant, pour un bon nombre d'entre eux, la « difficulté », voire le « défi » que constitue la mise en œuvre des engagements annoncés et consignés sur le papier. Un aspect largement évoqué, faut-il encore le préciser, lors de la reprise des travaux de l'APN. Le député FLN Benlakhdar Naoum, qui a ouvert la séance débat, a, d'emblée, remis en cause l'utilité de la création de 39 postes au sein du gouvernement, en vue d'une « conjoncture économique très particulière ». Sur cette lancée, l'intervenant s'interroge : « Avec quels mécanismes et moyens matériels le gouvernement compte-t-il réaliser ce programme ambitieux ? » Mais encore, souligne-il, « l'argent dilapidé sera-t-il récupéré ? ». Autant de questionnements qui suscitent chez cet élu un certain scepticisme quant à la concrétisation réelle du plan d'action présenté par Djerad. A propos du parti qu'il représente et de son rapport avec le gouvernement, Benlakhdar Naoum affirme : « Le FLN n'est sous la tutelle de personne », soutenant que les relations entretenues avec les premiers responsables de l'Etat ne sortent jamais du cadre « politique et économique ». De son côté, un député représentant le Rassemblement national démocratique (RND) a, lui aussi, mis l'accent sur la crise politico-sociale qui perdure. Appuyant le député FLN, il s'est dit un brin étonné du fait de la nomination de 39 membres du gouvernement, alors que l'économie nationale est en pleine crise. Faisant allusion au mouvement populaire qui se poursuit, celui-ci considère que le gouvernement doit à tout prix trouver le moyen de réconcilier les citoyens avec la politique. Donnant à son tour une évaluation du plan d'action du gouvernement, le membre du bureau national du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Nacer Hamdadouche, a bien mis en évidence le fait que, théoriquement parlant, ce programme qu'il décrit comme un « plan de travail » situe les priorités et les mesures à entreprendre dans le sens d'une relance économique et d'un renouveau politique. En revanche, explique-t-il, « si on analyse de plus près les points que comprend ce programme et qu'on se projette sur le terrain, on se rend vite compte que les vraies questions n'ont pas été traitées comme il se doit ». Dans le sens où ce plan d'action ne définit pas concrètement les mesures, mais surtout les mécanismes qui permettront la réalisation des engagements de l'Etat. Il dira, par exemple, que sur le plan économique, il n'est pas déterminé dans le programme décliné à cet effet par Djerad sur quels moyens opérants compte le gouvernement pour impulser l'économie nationale. « Nous aurions aimé savoir si l'Algérie dépendra toujours des hydrocarbures, ou encore si l'argent volé par la issaba sera récupéré », a-t-il soutenu. Abordant l'aspect politique, là encore, Nacer Hamdadouche indique que le Premier ministre ne s'est pas centré sur les réformes à appliquer, lesquelles sont susceptibles de déboucher sur un renouveau politique, relevant dans ce contexte la révision de la Constitution. On conviendra que les interventions successives des parlementaires se sont toutes axées, ou presque, sur la nécessité de définir un plan clair en matière de relance économique. Centrant son intervention sur l'orientation économique de l'Algérie,le député Abdelhamid Denouni a, pour sa part, parlé d'un programme vide de chiffres. Relevant les points qui, selon lui, méritent d'être pris en charge dans l'optique d'impulser notre économie, le député a, entre autres, mis l'accent sur l'importance de simplifier le régime fiscal qui contribuerait à limiter les contentieux au niveau des administrations publiques. Par voie de conséquence, cet allégement permettra aux citoyens de payer leurs impôts à des périodes bien spécifiques. Par ailleurs, on peut comprendre d'après les interventions de ces députés, que sur la forme, le plan d'action du gouvernement peut paraître à première vue complet et donc satisfaisant. Toutefois, en ce qui concerne le fond, une bonne partie des parlementaires parlent d'un goût d'inachevé. Il faut enfin relever que les députés du FFS et du RCD auront été hier les grands absents de l'ouverture des travaux de l'APN. M. Z.