Le président de la Confédération interprofessionnelle des producteurs et industriels algériens (Cipa) Abdelwahab Ziani, tire la sonnette d'alarme et évoque une «année 2019 blanche» pour les patrons algériens et « une année 2020 qui promet beaucoup de choses ». Quels mécanismes mettre en place pour libérer l'investissement et passer des promesses au concret ? C'est autour de cette problématique que le président de l'association patronale s'est exprimé, hier mercredi,à l'occasion de son passage à l'émission phare de la Chaîne 3. Abdelwahab Ziani a tenu à préciser que pour cette année, la priorité était de «rétablir la confiance entre patrons et gouvernants et œuvrer ensemble à redresser l'économie nationale ». Et pour cela, « il faut revoir tous les mécanismes de subventions, de suivi à travers toutes les filières ». Appelant à faire confiance aux producteurs algériens, l'invité de la radio a souligné qu'il faut « libérer l'économie avec les acteurs qui sont présents dans le pays », tout en insistant sur la stabilité juridique d'au moins 5 années, ce qui permettra aux opérateurs économiques de croire en leur marché. M. Ziani a expliqué que l'année 2019 a fait perdre aux industriels l'équivalent de 5 ans de rentabilité. «Pour être concret, il faut un moratoire pour les entreprises qui ont un lourd investissement et qui n'arrivent pas à rembourser leurs crédits et à reprendre leurs marchés». L'invité de la Chaîne 3 n'a pas manqué d'évoquer le problème de la sous-traitance, insistant sur la nécessité de développer davantage l'industrie de la sous-traitance au moment où les importations de l'Algérie en matière de pièces de rechange ont atteint les deux milliards de dollars à titre d'exemple. A noter que l'impact économique et social de l'industrie de la sous-traitance peut créer jusqu'à 2 600 000 emplois, et participer à la valeur ajoutée du pays (hors hydrocarbures) à 77%. Pour le président de la Cipa, « il faut donner un cahier des charges pour, au minimum, faire travailler les Algériens », avant de s'insurger : « Arrêtons de brader notre pays !» Pour ce qui est du modèle économique proposé par l'actuel gouvernement, le président de l'Association patronale estime qu'il faut créer « un modèle économique algérien avec les Algériens qui sont là », dans le pays et d'arrêter de copier des modèles qui ne sont pas conformes. Il appelle, par la même occasion, à la tenue d'une tripartie « dans l'immédiat » pour construire le modèle économique et discuter ensemble quelle vision et quelle stratégie adopter. Une réunion qui revêt le caractère urgent et qui doit regrouper, selon l'invité, tous les syndicats, gouvernement et différents patronats en vue d'une discussion claire et objective, seule habilité à déterminer le modèle économique adéquat à entreprendre pour construire une économie forte. En somme, M. Zani appelle à consolider les filières industrielles existantes, avoir des meneurs dans chaque filière, rompre avec certaines pratiques du passé et, surtout, aller vers des subventions ciblées et non généralisées en faisant participer les entreprises. Ilhem Tir