A 55 ans, Mustapha Sbaâ a déjà dirigé une quinzaine de clubs aussi bien de l'Est, du Centre et de l'Ouest. C'est dire qu'il a une solide expérience et une grande connaissance du foot national. Pourtant, il n'a jamais été sollicité pour driver un grand club. Peut-être que cela ne saurait tarder au vu de sa réussite actuelle à la tête du MC El Eulma, qui revient fort dans le championnat de Ligue 2 et qui n'est plus qu'à deux points du podium. Le Soir d'Algérie : Le MC El Eulma revient fort en championnat. C'est aussi votre vis ? Mustapha Sbaâ : Certainement, au vu de l'écart qui nous sépare du podium et du leader. Vous êtes à deux points du RC Arbaâ qui est quatrième, une place valable pour l'accession. Oui, en effet, on est à deux points de l'Arbaâ. Peut-on dire que ce renouveau du MCEE est dû à un effet Sbaâ ? Non, on a bien travaillé. Les joueurs sont concentrés sur leur travail. J'espère que le club va régler le problème administratif puisque, à ce jour, il n'y a pas de président, ni de directeur. Et l'éternel problème financier ? Il y a des joueurs qui n'ont pas reçu de salaire depuis 6 mois. Il y a ceux qui n'ont pas été payés depuis la saison dernière. Mais nous espérons une bouffée d'oxygène d'ici peu. C'est une rentrée d'argent qui va venir de la Wilaya ? Non, c'est de la part de l'APC. Après votre belle victoire à Annaba, un confrère a titré «El Eulma peut rêver de l'accession». Qu'en pensez-vous ? Sincèrement, quand j'ai pris en main cette équipe, les dirigeants ne m'ont pas exigé l'accession, mais si elle se présente, pourquoi pas ? Comme je suis un entraîneur ambitieux, je vais essayer d'assurer le maintien le plus tôt possible pour pouvoir éventuellement se mêler à la course pour l'accession. Hamdoulillah, à dix journées de la fin, on totalise 30 points, ce qui veut dire que le maintien est assuré à 80%. Donc, assurons les 100% et ensuite pourquoi pas ne pas jouer les premiers rôles. Mais quand on consulte le calendrier, vous vous déplacerez chez ceux qui jouent l'accession comme Tlemcen, le RCR ou l'OM et vous ne recevez que l'Arbaâ. Ce sera dur ? Toutes les rencontres sont des matchs de Coupe. Même notre victoire à Annaba n'a pas été facile. Et pourquoi ne pas refaire le coup à Tlemcen ou à Médéa ? Et lors de la prochaine journée, vous recevrez le MOB qui lutte pour sa survie en Ligue 2... C'est un autre match de Coupe. Toutes les rencontres seront difficiles. Maintenant, notre objectif immédiat, c'est engranger le maximum de points et après on verra. Avant de prendre en main le MCEE, vous étiez à Blida. Comment expliquez-vous le fait que ça marche à El Eulma et qu'à Blida ça n'a pas fonctionné ? Non, tout a bien marché à Blida avec moi. Alors pourquoi aviez-vous jeté l'éponge à Blida ? J'ai jeté l'éponge parce que je n'étais pas payé depuis deux mois, et que j'avais reçu des menaces. Des menaces de la part de qui ? Le commissaire de police de Blida m'a récemment informé qu'il était sur la piste de l'auteur des menaces. Il s'agirait d'un Blidéen. Mais pourquoi vous a-t-on menacé ? Parce que j'ai eu le courage de lancer des jeunes avec lesquels on avait battu notamment l'ES Ben Aknoun chez elle et on était parmi les six équipes qui pouvaient accéder. D'ailleurs, comme l'USM Blida était en difficulté financière, j'ai préféré puiser dans sa pépinière de jeunes issus de la formation. Mais cela n'a pas plu aux vautours qui tournent autour du club. Ces gens-là ramenaient chaque saison des joueurs dont la majorité n'était pas utilisée. J'ai senti que je dérangeais et je me suis retiré. Et les conditions de travail, sont-elles meilleures à El-Eulma ? Ce n'est pas l'idéal. On travaille avec huit ballons, mais le groupe qui entoure l'équipe est ambitieux. Vous avez déjà entraîné plusieurs clubs, mais de deuxième division. Vous qui êtes ambitieux, pourquoi n'avez-vous jamais drivé de grands clubs comme le MCO, le MCA ou l'USMA ? Pour la simple raison que l'on ne me l'a jamais proposé. Pourtant, j'ai fait les grandes écoles en Allemagne. J'ai notamment été à Dortmund où je donnais parfois des conseils vu que je suis titulaire du diplôme UEFA «A». J'ai également un diplôme international délivré par la Fédération anglaise de football. Vous n'avez jamais eu des approches de la part du MCA ou de l'USMA ? Non, jamais. Mais si jamais un grand club de Ligue 1 se manifeste ? Je répondrai par l'affirmative évidemment. J'ajoute qu'avec les nombreux clubs que j'ai dirigés, j'ai réussi pas moins de six accessions pour la Ligue 2 et j'ai sauvé plusieurs formations de la relégation. Le dernier en date, le MC Saïda, et tout cela avec très peu de moyens. Pour conclure qu'est-ce qui vous ferez plaisir à la fin de saison, le maintien ou l'accession ? L'accession, bien sûr, et d'ailleurs je ferai tout pour. D'autre part, j'aimerais ramener la moyenne d'âge du MCEE à 22 ans. Propos recueillis par Hassan Boukacem