Le retour à des niveaux de prix plus ou moins rassurants lors des premières séances de la semaine en cours, même si le doute est toujours aussi épais sur un futur immédiat pas très prometteur, après plusieurs semaines d'une conjoncture extrêmement pénible pour les producteurs et investisseurs, l'actualité immédiate du pétrole sera dominée, aujourd'hui et demain, par la réunion de l'Opep+ à Vienne. Un rendez-vous, il faudrait le souligner, que beaucoup parmi les acteurs du marché pétrolier mondial auraient aimé voir se tenir il y a quelque temps déjà, juste après la réunion extraordinaire, tenue au début du mois dernier, du Comité technique conjoint (JTC) de l'Opep+. Réunion convoquée dans l'urgence qui avait été conclue par la recommandation d'une coupe supplémentaire de la production de 600.000 barils par jour afin de contrer l'impact sur le marché pétrolier de l'épidémie de coronavirus, un impact comparé à la baisse soudaine induite par les attentats du 11 septembre 2001. L'aggravation de la situation sanitaire en Chine et ses répercussions directes sur l'activité économique locale puis mondiale, ainsi que d'autres variables à l'influence immédiate sur le cours du pétrole, ont donc conduit à la tenue de la réunion du Comité technique conjoint de l'Opep+ conclue par des recommandations qui auraient pu commander à l'Alliance d'avancer à plus tôt sa réunion, celle programmée pour aujourd'hui et demain donc, mais des réticences du côté russe, membre à l'influence majeure sur l'Opep+, ont fait que les pays de l'Opep et leurs dix alliés conjoncturels ne se retrouvent que ce jeudi et demain. Conclave dédié donc à trouver la solution permettant d'enrayer la chute des prix induite par la réduction monstrueuse de la demande de brut à cause de la propagation du Covid-19 au-delà des frontières du grand consommateur mondial qu'est la Chine, pays dont certains spécialistes estiment que la contraction de la demande de carburant induit une baisse de 4 millions de barils par jour, et les importations chinoises de pétrole brut, en attendant les chiffres officiels, devraient avoir baissé de 160 000 barils/jour en février ,alors que les prévisions pour ce mois de mars s'annoncent on ne peut plus cataclysmiques pour les producteurs, à commencer par les deux pays leaders de l'Opep+, la Russie et l'Arabie Saoudite. L'Opep+ qui, devrait-on le rappeler, avait conclu sa rencontre au début du mois de décembre dernier par un accord entré en application en janvier pour une baisse de production de 500 000 barils par jour, à laquelle vient s'ajouter une contribution «volontaire» de 400 000 barils de l'Arabie Saoudite. Nouvelle baisse qui s'ajoute au 1,2 million de barils décidé fin 2016 et reconduit depuis. Des décisions aussi salutaires qu'éphémères puisque la remontée des cours n'a pas duré plus que quelques jours, la progression du coronavirus remettant tout en question jusqu'à atteindre, pour un court laps de temps dans la nuit de dimanche à lundi derniers, les cours les plus bas depuis plus d'une année pour les deux références de pétrole, le Brent et le WTI sous les barres respectives de 50 et 45 dollars le baril. Un développement ravageur du marché mondial qui, selon la presse internationale particulièrement introduite dans les arcanes du milieu pétrolier mondial, annonçait que l'Arabie Saoudite prépare désormais une proposition pour augmenter la coupe de production des membres de l'alliance Opep+ à 1 million de barils par jour. Depuis le début de cette semaine, les spéculations sont allées bon train quant à la possibilité que les membres de l'Opep et leurs alliés conjoncturels agréent la proposition saoudienne. Si l'accord des 13 membres de l'organisation n'est pas le plus difficile à matérialiser, il n'est toutefois pas acquis d'avance que l'autre partie de l'Alliance, menée par la Russie, accède au vœu de réduire la production d'un million de barils, malgré les propos optimistes de Mohammad Barkindo, le secrétaire général de l'organisation, qui affirmait, la semaine dernière, qu'il y avait un «engagement renouvelé» au sein de la coalition Opep+ pour parvenir à un accord sur la réduction de la production. Des propos optimistes qui rejoignaient le discours tenu par le ministre russe de l'Energie qui confiait à la presse, la semaine dernière également, que son pays admet que l'épidémie de coronavirus pourrait entraîner des révisions à la baisse des perspectives de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2020, tout en évitant d'évoquer la position de la Russie concernant des coupes plus profondes que celles édictées dans le dernier accord et entrées en application au début de l'année. Il se fera juste un devoir d'assurer que la Russie est très satisfaite de la coopération avec ses partenaires dans le cadre de l'Opep+. Ceci avant que le Président Poutine intervienne en personne dans le sujet pour estimer, dimanche dernier, selon les agences de presse russes, que le niveau actuel des prix du pétrole est «acceptable» du moment qu'il est situé au-dessus des 42,4 dollars, c'est-à-dire le prix de référence de «la politique macroéconomique» de la Russie. Un état des lieux qui a de quoi augurer un rendez-vous dont les contours de l'issue ne sont pas sûrs, notamment quant à l'introduction d'une coupe supplémentaire dans la production de brut des membres de l'Opep+ qui, doit-on le rappeler, plancheront sur les recommandations du comité technique conjoint stipulant la prolongation de l'accord entré en application au début du mois de janvier dernier, soit une réduction de 1,7 million de barils par jour jusqu'à la fin 2020, et l'agrémenter, eu égard à l'urgence et les effets induits par le coronavirus, d'une coupe supplémentaire jusqu'à la fin du deuxième trimestre 2020 pour enrayer la chute des prix. Azedine Maktour