L'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) a fortement revu à la baisse, hier, sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole brut pour cette année, citant l'épidémie du nouveau coronavirus et de son impact sur la Chine comme le facteur majeur de sa décision. "L'impact de l'épidémie de coronavirus sur l'économie chinoise a ajouté aux incertitudes concernant la croissance économique globale en 2020 et par extension sur la croissance mondiale de la demande de pétrole en 2020", a indiqué l'Opep dans son rapport mensuel. Ainsi, l'Opep prévoit désormais une croissance de la demande de 0,99 million de barils par jour (mb/j) cette année, prévision fortement revue à la baisse de 0,23 mb/j par rapport aux estimations du mois dernier, soit de 19%. Cette révision de la prévision de la croissance de la demande de pétrole intervient après celle du gouvernement américain qui, lui, a réduit ses prévisions de la demande mondiale de pétrole cette année de 300 000 barils par jour, toujours en raison de l'épidémie du coronavirus et en attendant celle de l'AIE prévue aujourd'hui (jeudi). Dans une récente note adressée aux clients, Ned David Research a déclaré que le coronavirus est un "vrai cygne noir" pour le marché du pétrole et de l'énergie pour cette année civile. L'analyste Warren Pies a noté que l'épidémie a réduit la demande chinoise de pétrole de 2 millions à 3 millions de barils par jour, ce qui signifie que "le marché pétrolier suit le baril à la baisse sans croissance de la demande pour l'année civile, et une franche contraction de la demande est maintenant sur la table". L'Opep et ses partenaires, dont la Russie, sont actuellement engagés dans une réduction volontaire de leur production afin de soutenir les cours. En janvier, les pays de l'Opep ont réduit leur production de 509 000 barils par jour, une baisse importante qui s'explique notamment par une chute des extractions libyennes (-344 000 barils par jour), selon des sources secondaires (indirectes) citées dans le rapport. Lors de sa dernière réunion, au début du mois, le comité technique conjoint (JTC) a recommandé de prolonger l'accord de réduction de la production de pétrole jusqu'à fin 2020 et de procéder à une réduction additionnelle jusqu'à la fin du deuxième trimestre. La Russie n'a pas encore fait savoir si elle était d'accord. Les prévisions modifiées devraient renforcer les arguments en faveur de l'Opep et des producteurs alliés non-membres de l'Opep, y compris la Russie, pour imposer des réductions de production supplémentaires le plus tôt possible. En attendant, le prix du baril reste coincé dans une fourchette très réduite. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 55,19 dollars à Londres, en hausse de 2,18% par rapport à la clôture de mardi. À New York, le baril américain de WTI pour mars gagnait 1,60%, à 50,75 dollars.