La propagation du coronavirus dans le monde a fait plonger les cours du pétrole ces dernières semaines de 30%. L'Opep et ses alliés doivent se réunir, aujourd'hui et demain, pour décider de la conduite à tenir. Pour l'expert Mourad Preure, la situation est très complexe. «On est dans un contexte qu'on ne pouvait pas imaginer… L'arrêt de l'usine du monde [la Chine] nous met dans une situation imprévisible», a-t-il déclaré sur les ondes de la Chaîne 3. Malgré un rebond observé lundi 2 mars, le baril de Brent a perdu un cinquième de sa valeur depuis le début de l'année, pour tomber autour des 52 dollars. La situation jugée de «très complexe» que traverse le marché mondial du pétrole constitue «une crise de moyenne durée, environ 6 mois». Elle affecte lourdement l'économie mondiale et «risque de compromettre une croissance économique qu'on lui espérait». L'invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale a expliqué que le marché pétrolier ne fait pas, aujourd'hui, face à des «épisodes baissiers», comme c'était le cas sous la fluctuation des réserves américaines, mais il est pisté par le risque d'un «véritable choc baissier» qui peut fléchir le seuil des prix sous la barre des 40 dollars. «Nous risquons un véritable choc baissier», a-t-il prévenu. Selon lui, l'économie mondiale fait actuellement une croissance de 2,4% et « avant la crise de 2008, durant les cinq dernières années, la croissance mondiale était autour de 5% et les prix du pétrole avaient atteint un pic historique de 147 dollars le baril en juillet 2007», a renseigné l'expert qui poursuivra : «Là, nous sommes face à une croissance de 2,4%, le FMI anticipe une baisse de 0,1 à 0,2% de la croissance mondiale, mais le consensus des experts tend vers une prévision de baisse de l'ordre de 0,5%» et ça sera très «lourd pour la demande pétrolière». Dans ses explications, l'invité de la radio fait part «d'une forte incertitude». Selon lui, la réaction des pays producteurs est compliquée», car depuis le consensus d'Alger en 2016, ils ont décidé d'une baisse de 1,2 million barils par jour et en décembre 2019, ils ont ajouté encore 500 000 barils/jour. L'expert estimera tout de même que «l'effet de la baisse de production du pétrole sur les prix risque d'être court». Pour l'impact sur l'Algérie, M. Preure, tout en se montrant optimiste bien qu'inquiet par rapport au premier semestre de l'année en cours, s'attend à une baisse des recettes qui vont se situer entre 20 et 34 milliards de dollars. «La pandémie a provoqué un ralentissement mondial, une perte de confiance des consommateurs, une diminution des voyages, et c'est ce qui fait qu'on est dans une situation de blocage», a expliqué l'invité de la Chaîne 3. Et de souligner que «la Chine est l'usine du monde». En attendant de connaître la décision que prendront les pays de l'Opep et leurs alliés (Opep+) sur la position à adopter face à cette chute inquiétante des prix, l'Algérie devra revoir ses prévisions budgétaires. Ilhem Tir