Mourad Preure, spécialiste pétrolier, a affirmé, hier, dans l'invité de la rédaction de la radio chaîne 3, que la réunion informelle de l'Opep qui se tiendra les 27 et 28 septembre à Alger ne débouchera pas sur une décision de gel ou de baisse de la production. "Je doute qu'elle débouche sur une décision, du moins sur des décisions contraignantes. Elle pourrait participer cependant à un rapprochement de points de vue entre les pays membres de l'Opep et non- Opep". Par décisions contraignantes, M. Preure entend un accord entre ces pays qui oblige chacun à geler ou à baisser sa production. "Un communiqué à lui seul ne suffit pas. Encore faut-il que la décision s'accompagne d'une application de la mesure par chaque pays signataire. On ne sera pas à ce stade", estime le spécialiste. À la suite de plusieurs spécialistes pétroliers internationaux, Mourad Preure considère donc que la réunion d'Alger ne constitue qu'une étape dans la construction d'un consensus entre pays membres de l'Opep et non- Opep autour d'une baisse de la production en vue d'une hausse des prix du pétrole. En un mot, il ne faut pas s'attendre à des résultats à l'issue de cette rencontre informelle. Si un tel scénario se produit, la tendance baissière se poursuivra d'ici à la fin de l'année, risquant d'aggraver, ainsi, les difficultés financières de pays producteurs comme l'Algérie, le Venezuela et le Nigeria. Les signaux aux marchés sur une poursuite de cette tendance se sont multipliés ces dernières semaines. Le dernier rapport de l'AIE prévoit une baisse de la demande mondiale durant tout le premier semestre 2017, favorisant des prix du pétrole très bas. Mourad Preure ne partage pas ce pronostic. Il estime que les prix du pétrole vont tourner entre 50 et 60 dollars en 2017. Mourad Preure rappelle que les prix sont orientés sur le long terme à la hausse. "En 2020, on assistera à un choc pétrolier". En d'autres termes, à une hausse très importante des prix du pétrole, du fait de la baisse des investissements des compagnies pétrolières internationales. "Ces investissements ont atteint un pic en 2013. Ils ont baissé de 25% en 2015. Ils diminueront entre 22 et 24% en 2016", a-t-il observé. Les pays producteurs souffrent, aujourd'hui, de cette baisse des prix du pétrole, a-t-il ajouté. L'Arabie saoudite n'est pas épargnée. Son déficit budgétaire se situe à 98 milliards de dollars. Elle ne peut maintenir son train de vie, d'où sa position de plus en plus favorable à un consensus entre pays membres Opep et non-Opep. Quant à l'Algérie, cette baisse des prix lui offre l'occasion de se remettre en cause. "L'Algérie est tétanisée par cette chute des prix du pétrole. Il faut garder son sang-froid. Cette crise ne va pas durer. Elle nous offre l'occasion de diversifier notre économie, de nous engager puissamment dans la transition énergétique", suggère Mourad Preure. La clé de notre sortie de la dépendance pétrolière est la stratégie industrielle. Le spécialiste pétrolier a rappelé que l'Algérie doit avoir de grandes ambitions. "Avoir un challenge industriel, monter dans la chaîne des valeurs internationales, investir les segments à haute technologie. La vraie richesse de l'Algérie c'est l'intelligence des Algériens de l'intérieur et l'extérieur du pays", et non ses richesses hydrocarbures. K. Remouche