Ressources humaines, harmonisation du niveau d'enseignement à travers toutes les universités algériennes, réhabilitation du rôle des recteurs et des conseils scientifiques, évaluation du système LMD, introduction de l'anglais et ouverture d'un débat sur les œuvres universitaires. Autant de chantiers prévus par la réforme de l'enseignement supérieur que le Pr Chams Eddine Chitour a évoqués hier en présentant les grandes lignes de sa vision pour son secteur. Invité de la Rédaction de la Chaîne 3, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Chams Eddine Chitour a placé la ressource humaine au centre du développement du secteur. Selon lui, la ressource humaine est la base du projet de société. «Il faut fournir une ressource humaine de qualité», a-t-il précisé en abordant la question de la réforme de l'université. Une réforme qu'il préconise de mener «par étapes». «Il faut aller par étapes et commencer d'abord par faire un état des lieux , situer où nous en sommes et choisir une perspective où nous voulons aller », a-t-il indiqué avant d'ajouter : «Nous ne sommes pas là pour faire le procès de ce qui s'est passé mais pour inventer l'avenir.» Dans les détails, le ministre explique que l'un des premiers objectifs de son département est d'harmoniser le niveau d'enseignement au niveau national. «Nous voulons, d'abord, faire en sorte que le niveau de l'Université de Bab-Ezzouar et celui de l'Université de Tamanrasset soient équivalents», tout en recommandant une démarche de renforcement des jeunes universités. Sur sa lancée, l'invité de la radio expliqua que pour aboutir à sa vision, il faut inéluctablement passer par la séparation de la responsabilité pédagogique de la gestion administrative et d'adapter l'université à l'évolution économique et sociale du pays. «L'université est dans un milieu qui fait qu'elle soit la caisse de résonance d'un certain nombre de contradictions.» Le message qu'il voudrait faire passer est que, quelle que soit la tendance de ses dirigeants, «l'université doit être la prunelle de nos yeux et nous devons la préserver tout comme l'école». Il insistera pour dire également qu'«il faut laisser l'université loin de toute perturbation pour qu'elle puisse avancer». Parmi les priorités pour une meilleure gouvernance, réhabiliter le rôle du recteur «qui doit être clairement défini», ainsi que celui du Conseil scientifique. Selon la nouvelle vision du nouveau ministre, «le recteur et le Conseil scientifique resteront dépendants l'un de l'autre». Toujours sur sa lancée, il parlera d'introduire petit à petit de nouvelles formations «pour des métiers qui paraissent en phase avec la demande sociale et la demande industrielle». Et d'ajouter : «On est là pour adapter l'université algérienne», car beaucoup de choses ont été faites sur le plan quantitatif «il est temps de passer au niveau qualitatif». L'invité de la Chaîne 3 soulignera la nécessité d'une actualisation de la connaissance parce qu'«on ne peut pas apprendre avec des connaissances statiques». L'anglais et la mise en place de sociétés savantes Répondant à une question relative à la manière qu'il préconise pour créer une passerelle avec le monde économique, le ministre de l'Enseignement supérieur indiquera : «Il faut rendre l'étudiant capable de créer sa propre entreprise, capable d'innover, car attendre tout de l'Etat, ce n'est plus possible.» Ceci, tout en reconnaissant l'absence de visibilité qui régnait et ne manquera pas de rappeler également «la création intellectuelle qui se fait» , insistant sur la nécessité de mettre en place des sociétés savantes et d'aider les jeunes chercheurs et doctorants à publier leurs travaux. S'agissant de l'adoption de l'anglais dans les universités, si Chitour s'est montré hésitant dès son arrivée au gouvernement, il a cependant émis la possibilité pour les étudiants doctorants de produire leurs travaux de recherche en anglais. « Les thèses devront être soutenues en anglais », a-t-il lancé. Avant d'ajouter : «Il faut aller tout doucement vers l'anglais sans supprimer le français, car l'Algérie ne doit pas rester en marge et doit s'ouvrir au changement.» Le LMD, la chambre, le transport et la bourse Pour ce qui est du système LMD, «le moment est venu pour évaluer ce système et essayer de l'adapter», a, encore une fois, précisé le responsable qui expliquera que «le master devrait avoir une teinte technologique», mais pour le moment, «on ne peut pas mettre à terre un système qui a marché pendant près de 10 ans», car «nous ne devons pas perdre ce qui existe déjà». En effet, la révision graduelle où l'adaptation de ce système sera abordée en consultation avec les enseignants, selon leur premier responsable. Quant au lourd héritage, celui des œuvres universitaires (repas, transport, chambre) et qui représente le tiers du budget de l'enseignement supérieur, à savoir 620 milliards de dinars, le Pr Chitour a annoncé qu'il est impératif de «trouver le moyen pour rendre les prestations offertes aux étudiants respectables». Bien évidemment, une révision des tarifs avec celle du montant de la bourse s'impose mais pas pour l'instant. Cela devrait se faire après ouverture d'un débat. L'urgence est d'essayer «de voir comment améliorer tout cela et comment ramener de la transparence dans ce domaine». Le débat doit s'ouvrir dans un cadre organisé «mais arrivera un moment où il faudrait prendre les devants», a soutenu l'invité de la radio qui affirmera «qu'il n'y aura pas d'université payante» et que «l'université privée serait un complément». Ilhem Tir