Sans une « révolution » managériale, quel que soit le volume des ressources mobilisées, l'Algérie ne pourra, ni faire face au choc pétrolier, ni encore moins mettre à exécution le plan du gouvernement. Le constat est fait par le Dr Lamiri pour qui la course à la mobilisation des ressources financières à elle seule ne sera pas la planche de salut. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas de sortie de crise sans une véritable révolution au niveau managérial. Le Dr Abdelhak Lamiri va même plus loin en assurant que dans les conditions actuelles, la mise à exécution du programme du gouvernement est quasiment impossible. La chute brutale des prix du pétrole, assure le docteur en économie, focalise l'attention sur ce qu'il qualifie de «problème secondaire ». Pour l'invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale, plutôt que des se concentrer sur la question de la mobilisation immédiate de la ressource financière, il serait urgent de focaliser sur une question beaucoup plus complexe, à savoir que faire des ressources mobilisées. Il estime, en effet, que quel que soit le volume des ressources mobilisées, il ne sera pas possible de « faire grand-chose » vu les méthodes managériales qui existent et qui nécessitent, selon lui, une véritable « révolution ». En la matière, dit-il, l'Algérie accuse un retard de cinquante ans, donnant lieu à des situations inédites, à savoir l'absence d'instruments de mesure pour pouvoir corriger les lacunes. Comment sortir de cette situation ? En modernisant « les cerveaux » et le management avant de penser à rattraper le grand retard pris. Sans cela, avertit Lamiri, aucune politique ne pourrait aboutir. Tous les gouvernements, déplore-t-il, ont promis la rationalisation des dépenses, et depuis 50 ans, on parle d'exportations et de sortie de la dépendance aux hydrocarbures, mais personne n'a réussi à le faire. Résultat : les réserves de change ont fondu pour atteindre 62 milliards de dollars et de l'argent est injecté dans l'économie sans aucun effet sur la croissance ni la productivité qui restent dérisoires. Avec la cagnotte existante, l'Algérie peut tenir encore deux ou trois années mais il faut, dit-il, se projeter au-delà. Pour l'expert économique, le choc pétrolier était prévisible puisqu'il s'agit d'un marché qui échappe à tout contrôle et qui obéit à des considérations géopolitiques qui ne sont pas maîtrisables, ce qui a conduit à l'effondrement des Bourses. Ce que l'Algérie peut maîtriser, dit-il, c'est son destin en faisant fonctionner son économie correctement. A ce moment-là, dit-il, le pétrole serait « la cerise sur le gâteau ». Il n'est pas possible, dit-il, de traiter une économie atteinte d'un « cancer au stade deux guérissable », avec une ordonnance destinée à guérir une grippe. Ce qu'il faut, c'est une véritable thérapie de choc qui permettrait à l'économie de se ressaisir pour ne plus avoir à être dépendante du pétrole. N. I.