Sage décision que celle prise (tardivement) par la CAF de reporter les matchs des troisième et quatrième journées des qualifications de la CAN-2021 prévues à partir du 25 mars courant. Un ajournement qui «protège» sportifs, officiels et fans, mais qui a aussi la particularité de «condenser» le calendrier international, surtout dans la zone Afrique. Le football, comme d'ailleurs toutes les disciplines à portée populaire, est à l'arrêt presque partout dans le monde exception faite de quelques pays du Golfe et des championnats gérés par les Ligues algériennes. Ces dernières instances (FAF, LFP et Ligues régionales) ne semblent pas jusque-là mesurer le «risque» qu'une rencontre de football entre 22 joueurs, 14 remplaçants et entourés d'officiels, d'agents de l'ordre et des médias peut causer. Bref, l'exception algérienne peut exister et nos dirigeants semblent apprécier que, pour une fois, le monde partage un mode de fonctionnement qui fait du huis clos une règle. Mais au-delà d'un report salutaire pour les vies humaines, certes économiquement et politiquement coûteux et contraignant pour des pays où le football, le sport en général, est une industrie, quelles seraient les conséquences immédiates qu'une telle décision peut engendrer. D'abord, sur un registre calendaire. Sans les coupes continentales, clubs comme sélections, les manifestations planétaires (JO et coupe du Monde) les organisations, Confédérations et instances internationales auront du pain sur la planche. L'effet de cascade aidant, il est à prévoir une refonte de tout le calendrier des compétitions mondiales d'ici quelques années. Si les JO de Tokyo sont reportés d'une année, que des phases finales des coupes continentales toutes spécialités sportives (Euro-2020, Copa America etc.) le sont également et que, d'autre part, les qualifications pour des manifestations sont repoussées de quelques mois, il faudrait s'attendre à un gros chambardement au sujet des tournois sportifs d'envergure internationale prévus dans un an, deux ans voire plus. C'est la grande intrigue chez les décideurs de toutes les instances internationales (CIO, Fifa, IAAF, FIVB, IHF etc.) qui ont également à gérer des calendriers liés aux mandats électifs au sein de leurs institutions. A titre illustratif, les mandats olympiques devaient s'achever aussitôt la page de Tokyo-2020 tournée. Désormais, et avec l'éventualité d'un report devenu «inéluctable» (le Président américain, une des principales attractions des Olympiades, ayant déjà exprimé son avis sur le sujet), il est difficile d'imaginer le nouveau paysage au sein des CNO, seul organe autorisé à coordonner la préparation et la participation des sportifs aux JO. Et la question peut être généralisée sur l'ensemble des associations nationales, régionales, continentales et internationales qui ont rendez-vous avec des élections juste après les jeux de Tokyo. Cet aspect ne peut occulter celui lié à la préparation des sportifs et des officiels aux rassemblements mondiaux préalablement arrêtés pour les mois à venir. L'Algérie où le MJS a décrété la mise en quarantaine des compétitions nationales mais aussi des stages de préparation à l'étranger, les athlètes sont «perdus». Certaines fédérations ont carrément mis en congé leur élite (natation, athlétisme etc.) et de ce fait, il est hors de question de s'attendre à ce que ce «confinement» leur soit bénéfique (aux athlètes, ndlr) au cas où certaines compétitions soient reportées juste pour quelques semaines ou plusieurs mois. Désormais, certains décideurs du sport international à l'exemple de la Fifa devront sortir leurs carnets pour anticiper l'avenir des manifestations qu'ils gèrent et qui sont, en définitive, leur seul moyen de subsister. Annuler le Mondial des clubs devient, avec l'éventualité d'un report de l'Euro-2020 et de la Copa América à la même période de l'année (été), devient un mal nécessaire. C'est ce Mondial des Clubs programmé durant l'été 2021 qui a fait sauter la CAN-2021 de l'été vers l'hiver qui va (normalement) subir la loi du plus fort. L'instance de Gianni Infantino qui a «piétiné» la Confédération du malgache Ahmad Ahmad n'osera en aucune manière défier l'UEFA et le Conmebol, partenaires historiques d'une organisation faîtière qui ne jure que par l'argent du foot. M. B.