Ahmad Ahmad, le président de la Confédération africaine de football (CAF), est en train de louvoyer dans la conduite des affaires de la Confédération. Une année après avoir pris la décision de modifier la période de déroulement de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) en la décalant de janvier à l'été (juin-juillet) et en décrétant le passage du tournoi de 16 équipes à 24 équipes, et ce, après le début des éliminatoires du tournoi CAN-2019, sans se soucier des aspects statutaires et réglementaires, voilà qu'il change de fusil d'épaule et annonce à la cantonade que la CAN-2019 prévue au Cameroun n'aura probablement pas lieu en été, comme il l'avait décidé la veille du tournoi 2019 en Egypte, pour des «raisons climatiques», s'est-il empressé de déclarer. En fait, le changement de date n'est pas motivé par la raison évoquée. Le vrai mobile de la volte-face du président de la CAF réside dans la volonté de soumission totale qu'il affiche à l'égard de la FIFA et de son président, Gianni Infantino, qui ont fixé le calendrier international avec le déroulement de la Coupe du monde des clubs en juin et juillet 2021. Il s'est incliné devant la décision de la FIFA et toute honte bue, il a développé l'argument fallacieux des «difficiles conditions climatiques qui prévaudront en été 2021 au Cameroun». Par ses décisions intempestives, les reniements et la soumission totale au diktat de la FIFA à qui il a concédé l'installation d'un conseil de surveillance qui ne dit pas son nom en offrant les clés de la maison à la secrétaire générale de l'instance faîtière du football mondial, depuis plus de six mois, Ahmad Ahmad ne renvoie plus l'image d'un président de la CAF légal et légitime et qui ne se laisse pas dicter des choix et des décisions à partir de la Suisse. Le président de la FIFA n'a même pas besoin d'élever le ton pour que ses désirs soient des ordres. Pour la Coupe du monde des clubs 2021, la FIFA a paraphé un contrat en matière de vente des droits mirobolants avec une société chinoise qui, très certainement, va remplacer le partenaire historique de la CAF dans ce domaine. Ce que Gianni Infantino est en train de faire avec la CAF, la seconde puissante Confédération après l'UEFA, il ne pourra jamais le faire avec la Confédération européenne qu'il tente de contrer via la CAF pour barrer la route à un éventuel retour du Français Michel Platini dans le giron de la FIFA. Ce qui désole plus dans cette affaire, c'est le silence des dirigeants africains qui confine à la complicité dans tous les complots qui se trament contre le football continental de l'intérieur, surtout, et de l'extérieur de la planète football. La docilité manifeste de la CAF vis-à-vis de la FIFA, que beaucoup qualifient de servitude volontaire, finira par affaiblir le football africain obligé à chaque fin de bail de se soumettre aux décisions des maîtres et puissants de la galaxie football. Ahmad Ahmad doit arrêter de changer de cap à chaque fois que la FIFA et l'UEFA ont une poussée de fièvre.