La reprise du procès Hamel, ce samedi, au tribunal de Sidi-M'hamed s'est révélée de nouveau riche en révélations faites notamment par l'ancien directeur des Domaines de la wilaya de Tipasa au sujet des pressions qu'il subissait pour accorder des privilèges aux enfants de l'ancien patron de la DGSN. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ali Bouamriane ne s'est pas limité à de simples allusions ou insinuations pour décrire ce qu'il qualifie de «pressions intenses, harcèlement» subis durant une longue période pour l'octroi d'avantages aux fils de Abdelghani Hamel. «Je me trouvais à un poste sensible, en tant qu'ancien directeur des Domaines de la wilaya de Tipasa, je subissais d'énormes pressions de toutes parts. Beaucoup d'hommes d'affaires faisaient intervenir des relais pour des terrains, c'était aussi le cas de certains anciens responsables au niveau de cette même wilaya, c'était une zone très convoitée. J'ai déposé dix plaintes contre ces hommes d'affaires.» Les plus importantes pressions et le harcèlement, avoue-t-il, «venaient, cependant, de l'ancien directeur de la Sûreté de la wilaya de Tipasa, Salim Djaadjaa». Ce dernier est présenté comme étant le véritable homme de main de Hamel chargé de «lui régler ses affaires ainsi que celles des membres de sa famille». «Il voulait, révèle-t-il, hâter le processus administratif pour l'octroi de deux terrains aux fils de Hamel, Chafik et Ameyar.» «Le wali qui était en poste avant moi avait signé les décisions, mais il a quitté Tipasa avant que l'opération n'aboutisse. A mon arrivée, je me suis aperçu de l'existence de 59 décisions illégales. Celles qui concernent les fils Hamel en font partie. J'ai annulé toutes ces décisions. Les terres que ces derniers voulaient acquérir se trouvent l'une sur une zone touristique et l'autre dans un domaine agricole. Il s'agissait d'une opération tout à fait illégale et j'ai refusé de me prêter à ce jeu.» «L'ancien directeur de la wilaya de Tipasa, Salim Djaadjaa, s'est mis alors à me harceler, il m'appelait sans cesse, m'envoyait des intermédiaires pour m'intimider et faire pression.» Le nom de Salim Djaadjaa est revenu souvent depuis l'ouverture du procès Hamel. Durant son audition, l'ancien patron de la DGSN a lui-même confirmé indirectement le rôle qu'il avait joué dans cette affaire de terrains de Tipasa en déclarant qu'il «se renseignait auprès des autorités locales sur le sujet». Ce dernier a, cependant, nié lui avoir demandé d'intervenir pour ses enfants. L'ancien chef de la Sûreté de la wilaya de Tipasa, Salim Djaadjaa, a été placé en détention provisoire par le juge d'instruction du tribunal de Boumerdès en janvier dernier dans l'affaire Hamel. Poursuivi pour «enrichissement illicite» et «abus de fonction », il avait été limogé en juillet 2018, lors de l'éclatement de l'affaire des 701 kg de cocaïne au port d'Oran. La journée d'hier a été également consacrée à l'audition de Abdelghani Zaâlane, ancien ministre des Travaux publics. Dans ce dossier, il est cependant poursuivi en qualité d'ancien wali d'Oran pour octroi d'indus avantages et dilapidation de deniers publics. Zaâlane a nié avoir toute relation personnelle avec Hamel ou les membres de sa famille. «La première fois que j'ai rencontré ses enfants, c'est en prison», déclare-t-il à la juge qui l'interroge cependant sur la signature d'une décision d'octroi d'un terrain de 60 000 mètres carrés à Chafik Hamel pour la construction d'une usine. «Les dossiers des enfants Hamel ont été étudiés parmi quarante autres, ils étaient tout à fait conformes, ils n'ont pas été avantagés», dit-il. La juge l'a également interrogé au sujet d'autres biens et privilèges accordés à la famille Hamel, elle cite deux lots de terrains accordés à Ameyar Hamel, mais Zaâlane se défend en déclarant qu'il ne savait pas de qui il s'agissait. « J'ignorais absolument qu'il s'agissait du fils de Hamel, pour moi, l'important résidait dans la légalité et la conformité du dossier (…) il n'existe aucune loi qui interdit à deux frères d'obtenir deux terrains dans une même wilaya.» Abdelghani Zaâlane déclare encore : «Je me trouve depuis huit mois en prison car j'ai octroyé un terrain au fils de Hamel dans le cadre de l'investissement. Son dossier était légal et son droit de jouissance légal (…) on me connaît, ajoute-t-il, je ne rends pas de services». Abdelmalek Boudiaf a lui aussi nié tous les faits pour lesquels il est poursuivi. Des faits que la juge énumère, octroi d'indus avantages, dilapidation de deniers publics. «Lorsque j'étais wali d'Oran, je n'ai jamais octroyé d'avantages aux enfants de Hamel, ils ont déposé des dossiers conformes, légaux, ils ont été traités comme le reste des citoyens.» «Je n'ai aucune relation personnelle ave Hamel et ses enfants, je ne les ai jamais rencontrés ni à Oran ni ailleurs.» A. C.